À lui seul, le projet d'autobus express sur le boulevard Pie-IX encapsule tout ce qui cloche à Montréal...

À lui seul, le projet d'autobus express sur le boulevard Pie-IX encapsule tout ce qui cloche à Montréal...

Il s'agit d'un projet simple: des autobus qui roulent sur une voie réservée. Un projet qui ne coûte pas cher: 300 millions de dollars. Un projet qui ne nécessite aucune expropriation, achat de terrain ou démolition.

Il s'agit d'un projet qui a reçu l'assentiment de la STM, de l'AMT, de Montréal, de Laval et de Québec. Un projet qui a la bénédiction de tous les partis à l'hôtel de ville. Un projet détaillé par la Ville en 2007 et lancé officiellement par le gouvernement en 2009.

Et pourtant, le projet est au point mort. Depuis près d'un an. Sans qu'aucune pelletée de terre n'ait été effectuée. Sans même que l'on sache quand il sera mis en service. Dans trois ans? Quatre peut-être?

Il y a tout de même un sacré problème quand une ville de l'importance de Montréal est incapable d'implanter une ligne d'autobus express sur un boulevard de six voies de large qui accueillait jadis... une ligne d'autobus express!

À qui la faute? Au maître d'oeuvre du projet, l'AMT, qui n'a pas les coudées franches? Aux partis de l'opposition, peu conciliants? Aux arrondissements, qui multiplient les griefs? Un peu de tout ça, sans doute.

Mais d'abord et avant tout, la faute incombe à l'administration Tremblay, incapable de se brancher sur un concept, de marcher sur quelques orteils et de transformer le dessin en chantier. Un «avant-projet préliminaire» a bel et bien été déposé en novembre 2010, mais on n'a pu faire mieux, depuis, que de lancer deux nouvelles études, dont une sur l'implantation d'un trolleybus électrique sur Pie-IX!

Typique de l'Administration. Comme pour le tramway, le péage ou encore la rue Notre-Dame, tout part d'une excellente idée bien formulée, puis... rien.

* * *

Lorsque la Ville a décidé de doter les boulevards Pie-IX et Henri-Bourassa d'un «service rapide par bus» (SRB), il y a quatre ans, elle était d'avant-garde. Ressemblant à un métro de surface, le SRB est un autobus accordéon à deux (ou trois) sections qui roule sur une voie qui lui est propre. Il rejoint ainsi des arrêts distants où les usagers ont préalablement payé leur entrée. Cela lui confère la rapidité du métro, la capacité du tramway et la flexibilité de l'autobus, à un prix très raisonnable.

La preuve, c'est que pour 300 millions, on pourrait transporter 70 000 passagers par jour sur Pie-IX, soit plus que les usagers de toutes les lignes de trains de banlieue réunies!

Bref, le SRB constitue rien de moins que l'avenir du transport en commun, étant donné les contraintes budgétaires et la difficulté de mener à terme de grands chantiers. Voilà pourquoi une centaine de nouveaux SRB ont été inaugurés au cours de la décennie, à New York, à Los Angeles, dans de grandes villes chinoises. Des SRB qui s'ajoutent à ceux d'Ottawa, de Vancouver et de tant d'autres villes.

Mais pas Montréal. Car Montréal est incapable de respecter sa promesse, faite en 2007, d'entreprendre «immédiatement» la réalisation de cette ligne «hautement prioritaire» selon un «échéancier accéléré» pour une mise en service «le plus vite possible»...

En lieu et place, on «tataouine» et on prend le risque que le gouvernement retire ses billes, comme il est en train de le faire dans de nombreux projets de transport. Typique.

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