La génération Y en a marre et elle a décidé de se faire entendre. Sur la place Puerta del Sol en Espagne, la place de la Bastille en France, la place Syntagma en Grèce et... la place publique au Québec.

Partout, un grand mécontentement, une volonté d'être entendu, un profond ras-le-bol du statu quo.

Il est vrai qu'à première vue, il ne semble y avoir qu'un lien ténu, strictement générationnel, entre les cris désespérés des «indignés» outre-Atlantique et le discours de plus en plus affirmé des groupes de jeunes, ici même, comme ce fameux «Sortie 13» dont le lancement a eu lieu hier soir, à Montréal. Mais un regard attentif des revendications des moins de 35 ans révèle plus de similitudes qu'il n'y paraît entre les deux continents.

D'abord et avant tout, les jeunes réclament un nouveau contrat social. Ici comme ailleurs. Les raisons sont fort différentes d'un endroit à l'autre, d'un groupe à l'autre. Certains réagissent aux mesures d'austérité ou à l'incompétence des élites politiques qui en sont responsables, d'autres à l'immobilisme, à la corruption, aux inégalités sociales, aux dérives du néolibéralisme. Mais partout, un même désenchantement, une même désillusion, un même bris de confiance avec l'establishment politique.

En témoigne un sondage de la maison CROP, mené auprès des jeunes en 2007. Combien d'entre eux disaient avoir «beaucoup confiance» aux politiciens? 0%, un taux similaire à ce que l'on retrouve en France, en Espagne, en Grèce...

Voilà ce qui alimente ce formidable bouillonnement d'idées, ce brassage intellectuel auquel s'adonnent les «indignés» autant que Sortie 13, l'Institut du Nouveau Monde, Génération d'idées, les Dégriseurs, l'Institut de recherche et d'information socio-économique, etc.

Le message est le même, il n'est qu'articulé différemment. Là-bas, on crie qu'«on en a assez!» Ici, on déplore «l'inertie du Québec», on exige de «passer à autre chose» (Dégriseurs). On évoque «l'immobilisme» de la province, «l'insatisfaction» des générations X et Y (Sortie 13). On manifeste «un désir affirmé de prendre un virage» (Génération d'idées).

Autre similitude entre les deux continents: l'idéologie. On ne se réclame d'aucune d'entre elles. Malgré un évident biais progressiste, les jeunes prennent en effet bien soin de ne se positionner ni à droite ni à gauche, ni en faveur du fédéralisme ni du souverainisme, encore moins pour un parti ou un autre. «Nous nous foutons de vos idéologies de vieillards», résument les Dégriseurs. Nous voulons «un Québec à la fois lucide et solidaire», renchérit Génération d'idées. D'où un paquet de solutions difficiles à circonscrire, certes, mais fort intéressantes, pragmatiques, concrètes et réalisables à court terme.

La génération montante a peut-être déserté les partis politiques traditionnels, mais elle n'est pas apolitique. Encore moins apathique.

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