La mort de quatre cyclistes en deux jours sur les routes du Québec a provoqué une remise en question de la sécurité des adeptes du vélo et fait ressortir leur cohabitation difficile avec les automobilistes.

La pratique du vélo a connu une croissance fulgurante ces dernières années. Des milliers de cyclistes qui font de la compétition, particulièrement des amateurs de triathlon, ont envahi le réseau routier. Des athlètes qui s'entraînent plusieurs milliers de kilomètres par année. Ils ne peuvent emprunter les pistes cyclables parce qu'ils sont trop rapides (plus de 30 km/h) pour les autres usagers. Leurs vélos de route, dotés de pneus étroits, ne peuvent rouler sur les pistes ou les accotements en gravier. Les automobilistes doivent donc apprendre à partager la route avec les cyclistes.

 

L'augmentation du nombre de cyclistes accroît inévitablement les probabilités d'accidents, comme les tragédies qui sont survenues à Rougemont vendredi et à Val-Morin samedi. Une quinzaine de cyclistes meurent chaque année sur les routes du Québec. Les cyclistes qui roulent à l'étranger affirment que les automobilistes québécois sont moins respectueux à leur endroit qu'aux États-Unis ou en Europe. Si c'est vrai, rien n'y transparaît dans les statistiques: toutes proportions gardées, autant de cyclistes américains ou européens meurent que de cyclistes québécois.

Cela ne signifie pas pour autant qu'il faut baisser les bras. Au contraire. Des gestes doivent être faits pour réduire les risques de collision entre les automobilistes et les cyclistes.

La SAAQ devrait sensibiliser davantage les automobilistes pour qu'ils redoublent de prudence et de courtoisie quand ils croisent des cyclistes. Réduire leur vitesse et les doubler à bonne distance afin de ne pas mettre leur vie en danger. Mais ce sera un travail de longue haleine, tout comme ce fut le cas pour le port de la ceinture et l'alcool au volant.

Il faudrait aussi examiner la possibilité d'asphalter l'accotement sur une largeur d'au moins un mètre sur les routes où la vitesse tolérée est supérieure à 70 km/h. Évidemment, c'est plus facile à dire qu'à faire. Alors que le Québec vit une grave crise de ses finances publiques, la chaussée est dans un état lamentable à de trop nombreux endroits sur le réseau routier (la route 112 près de Rougemont en est un parfait exemple). Le gouvernement aura-t-il les moyens d'aménager des accotements en asphalte?

Quelles que soient les mesures adoptées, il persistera un risque inévitable, incontournable et inhérent à rouler à vélo sur les routes. Des automobilistes négligents, distraits, ivres, enragés ou qui s'endorment au volant, il y a en aura toujours. Un cycliste qui fait une manoeuvre brusque ou une chute qui surprend l'automobiliste, aussi.

Face à un véhicule, le cycliste, qui n'est pas en mesure de le voir venir, ne fera jamais le poids. Soyons francs, il faut être courageux pour s'aventurer à vélo sur le réseau routier.