Avant de demander aux Québécois de consentir de gros efforts, le ministre des Finances, Raymond Bachand, avait parlé de «révolution culturelle». Aujourd'hui, on sait que, dans son esprit, cette révolution avait à avoir avec les principes de l'utilisateur-payeur et de vérité sur les coûts réels.

Avant de demander aux Québécois de consentir de gros efforts, le ministre des Finances, Raymond Bachand, avait parlé de «révolution culturelle». Aujourd'hui, on sait que, dans son esprit, cette révolution avait à avoir avec les principes de l'utilisateur-payeur et de vérité sur les coûts réels.

Moins de vaches sacrées, donc, mais de plus productives vaches à lait...

Après cela, les citoyens du Québec, en particulier ceux de la classe moyenne constituant l'essentiel de ce cheptel, n'auraient pas tort de ressusciter un autre concept hérité, comme celui de révolution, du passé: celui de contrat social. Car depuis la Révolution tranquille, un tel contrat existe bel et bien entre l'État québécois et ses commettants.

Aujourd'hui, cependant, une des deux parties ne le respecte plus.

Et ce n'est pas le prolétaire.

Quel a été le grand oeuvre de la Révolution tranquille, en effet? Plus que le réveil identitaire ou l'appropriation de l'hydroélectricité, la prise en charge par l'État de l'éducation et de la santé a été la plus lourde de conséquences. Ce contrat était clair: l'État vous soignera et instruira vos enfants, moyennant la cession à son profit d'une partie considérable de vos revenus.

Or, on trouvera peu de «signataires» qui, aujourd'hui, estiment ce contrat respecté...

C'est pourquoi, tant en éducation qu'en santé, les sirènes du secteur privé sont si séduisantes. C'est pourquoi aussi les 60% des contribuables potentiels qui paient de l'impôt rechignent tant.

Même le plus solidaire des camarades citoyens finira un jour par se lasser de payer des services qu'il ne reçoit pas, ou peu, ou mal (et on ne blâme évidemment pas ici les enseignants ou les infirmières qui, sur le... plancher des vaches, se tuent au boulot). De sorte que, une fois honorés ses engagements envers l'État, ce camarade citoyen renoncera aux services qu'il a payés et qui lui sont dus, pour en acheter d'autres, au prix fort, auprès de fournisseurs qui, espère-t-il, ne le floueront pas! S'il en a les moyens, bien sûr. Ou même s'il ne les a pas: il y a longtemps que l'école et la clinique privées ne sont plus réservées aux «riches», mais desservent ceux qui sont prêts à des sacrifices supplémentaires.

C'est l'erreur de tous les puissants lobbies qui défendent le monopole étatique de ne s'en prendre qu'à l'une des deux parties au contrat: celle qui honore ses engagements. Et de ne pas faire pression sur l'autre, l'État, qui a pourtant une obligation de résultat en ce qui concerne les responsabilités qu'il s'est engagé à assumer - comme l'a laissé entendre la Cour suprême, en 2005, dans l'arrêt Chaoulli sur les soins de santé.

C'est dans cette rupture de contrat que se trouve le véritable bris de solidarité.