Il y avait déjà une criminalité non seulement florissante, mais épouvantablement violente. Puis une économie qui, fut-elle la plus forte du continent, ne parvient à juguler ni la pauvreté (50% de la population) ni le chômage (au moins 25%). Puis encore la détérioration des services publics, notamment de santé: le pays est décimé par le sida. Et enfin, une immigration jugée encombrante, celle des Zimbabwéens fuyant la désolation semée par Robert Mugabe, qui provoque de mortelles représailles.

Il y avait déjà une criminalité non seulement florissante, mais épouvantablement violente. Puis une économie qui, fut-elle la plus forte du continent, ne parvient à juguler ni la pauvreté (50% de la population) ni le chômage (au moins 25%). Puis encore la détérioration des services publics, notamment de santé: le pays est décimé par le sida. Et enfin, une immigration jugée encombrante, celle des Zimbabwéens fuyant la désolation semée par Robert Mugabe, qui provoque de mortelles représailles.

Après tout cela et à deux mois de la Coupe du monde de soccer, qui placera le pays sous l'oeil de la planète entière, l'Afrique du Sud se voit à nouveau menacée par les démons du racisme.

Cette fois, l'étincelle jaillit de l'assassinat d'un vieux suprématiste blanc. Un vrai, au passé de chef de guerre, emprisonné deux fois, dont l'emblème paramilitaire rappelle la croix nazie. Eugène Terre'Blanche, 69 ans, a été tué par deux de ses ouvriers agricoles noirs, officiellement pour une question de salaires non versés.

Cependant, l'explication ne satisfait personne. De sorte que l'affaire réveille les mauvais réflexes de tous les côtés.

Mais avaient-ils vraiment disparu? Comment aurait-on pu tirer en quelques années un trait définitif sur l'apartheid, dont les conséquences peuvent être contemplées chaque jour.

En agriculture, par exemple, encore très blanche. Le projet de redonner aux agriculteurs noirs 30% des terres exploitées par des fermiers blancs n'a fonctionné qu'au septième de ses objectifs. Et, comme au Zimbabwe, pas toujours pour le mieux: la production décline. La population noire en souffre. Et, depuis 1994, 2000 fermiers blancs ont été assassinés.

Il y a ensuite la criminalité, qui n'est pas neutre, bien sûr.

Elle constitue certainement le phénomène socialement le plus destructeur dans le pays, où l'on compte 35 000 meurtres et tentatives de meurtre par année. Et il n'y a pas que le chiffre, il y a la manière: on tue pour rien, souvent de façon sadique. Les différentes forces policières ne fournissent plus, de sorte que s'est formée une armée supplémentaire de 420 000 agents privés, parfois chargés de protéger les... postes de police!

Et voilà que, à l'Université de Johannesburg, Julius Malema, président de la Ligue des jeunes de l'ANC (le parti de Nelson Mandela, au pouvoir avec Jacob Zuma), entonne un vieux chant guerrier, Shoot the Boers, qui appelle à «tuer les fermiers blancs, parce que ce sont des violeurs». De sorte qu'on craint maintenant une contagion du discours haineux de Malema (qui vénère en outre Mugabe pour ses admirables réalisations!), un agitateur doué que plusieurs voient comme une version noire du suprématiste blanc assassiné.

C'est évidemment la dernière chose dont la population d'Afrique du Sud a besoin. Et l'exacte image que le pays ne souhaite pas projeter dans le monde au mois de juin.