Est-ce que la catastrophe du golfe du Mexique sera vue un jour comme le «Katrina d'Obama»? C'est-à-dire un moment où, comme pour George W. Bush lors de l'ouragan qui a déferlé sur La Nouvelle-Orléans en 2005, la présidence se révèle moralement faible, politiquement hésitante et matériellement impuissante?

Chose sûre, les républicains se font déjà un malin plaisir d'employer l'expression.

Et le nouvel échec de BP dans le colmatage de la fuite de pétrole, samedi, a fait monter la colère sur les rives atteintes par la marée noire... une colère qui, en effet, ressemble un peu à celle provoquée par les ratés des opérations de secours, il y a cinq ans, dans cette région alors inondée, dévastée, désertée.

Hier, BP a commencé à mettre en place un nouvel appareillage de confinement destiné à pomper le pétrole vers un navire, en surface, ce qui pourrait prendre plusieurs jours. Si ça ne fonctionne pas, la solution consistant à installer des puits secondaires ne pourra apparemment être fonctionnelle avant le mois d'août. Entre-temps, de deux à trois millions de litres par jour - beaucoup plus que ce que BP avait d'abord affirmé - se déversent dans les eaux du Golfe...

Il est maintenant clair que les États-Unis font face à la pire catastrophe écologique de leur histoire.

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Il est difficile de prévoir quel effet aura cet événement sur la présidence de Barack Obama - sur son autorité, sa cote politique, sa stature aux yeux de l'Histoire. Cependant, l'épisode en dit beaucoup sur «les limites de la réglementation gouvernementale et sur la façon dont la nature se venge des étourderies de l'homme», écrit Newsweek dans un dossier minutieusement monté sur le sujet.

Exemple.

Sachant qu'une firme comme BP pouvait être tentée de négliger la sécurité de ses plateformes, pourquoi les autorités n'en ont-elles rien vu? Parce qu'elles n'en ont pas la compétence, comme c'est le cas pour l'aviation ou la finance, des domaines faits eux aussi d'inextricables labyrinthes techniques. Aussi, le MMS - le Minerals Management Service, mis sur la sellette depuis un mois - doit compter sur des employés venus de l'industrie pétrolière et qui lui sont possiblement encore loyaux! Apparemment, personne n'y avait fait attention...

Exemple, encore.

Y a-t-il une part d'étourderie dans le fait que le sexy et populaire dossier du réchauffement climatique a, depuis quelques années, fait passer au second rang tout autre souci d'ordre écologique? L'image, en tous cas, vaut mille mots: l'administration Obama elle-même vient de consentir, en pleine marée noire, des compromis sur le forage pétrolier marin afin d'obtenir «sa» loi sur le climat!

Ce désastre en mer aura peut-être ceci de positif qu'il nous ramènera un peu sur terre où l'environnement... environnant, pour ainsi dire, semble en tragique déficit d'attention.