De telles nouvelles proviennent habituellement d'entreprises capitalistes oeuvrant dans un cadre néolibéral... Mais, cette fois, l'information tombe de la Centrale des travailleurs cubains, syndicat unique que le régime castriste a chargé d'une sale besogne: celle d'annoncer que 500 000 employés de l'État seront mis à pied d'ici le mois de mars.

De telles nouvelles proviennent habituellement d'entreprises capitalistes oeuvrant dans un cadre néolibéral... Mais, cette fois, l'information tombe de la Centrale des travailleurs cubains, syndicat unique que le régime castriste a chargé d'une sale besogne: celle d'annoncer que 500 000 employés de l'État seront mis à pied d'ici le mois de mars.

Le gouvernement cubain emploie entre 85% et 90% de la main-d'oeuvre du pays, évaluée à 5,2 millions de travailleurs. Le secteur privé, lui, n'existe qu'en vertu d'un maigre contingent de 148 000 permis autorisant l'emploi de plus ou moins un demi-million de personnes, secteur agricole en sus.

Il est difficile de surestimer la signification de cette soudaine abdication idéologique: il s'agit bel et bien d'une révolution, en effet.

Combinée à la déclaration de Fidel Castro voulant que le «modèle cubain ne marche même plus pour nous», la décision prise par son frère Raul, reposant sans doute sur un consensus, signifie que l'avant-dernière économie communiste de la planète jette l'éponge.

Reste le modèle nord-coréen (sic).

Certes, le lider maximo a affirmé par la suite qu'il avait été mal cité. Mais Raul Castro ne l'a pas compris ainsi. Silence étonnant: il n'a rien dit de l'embargo américain. Par contre, il a eu des mots inattendus, très durs pour le «modèle». Cuba ne doit plus être le «seul pays au monde où on peut vivre sans travailler», a-t-il lancé, reconnaissant le phénomène des emplois fictifs, une aberration historiquement liée à tous les collectivismes.

L'initiative individuelle devra compenser pour les emplois perdus, a-t-on annoncé. Dans les faits, l'État débloquera 250 000 nouveaux permis d'entreprendre et facilitera la mise sur pied de coopératives.

Comment faire autrement?

Deux décennies plus tard, l'économie cubaine ne s'est toujours pas remise de la disparition de son commanditaire soviétique. Cette année, tous les indicateurs (revenus du tourisme et de la diaspora, subside pétrolier vénézuélien) sont encore une fois à la baisse. Faute de volonté en ce sens et surtout de capital, Cuba n'ira pas vers un système proto-chinois d'État autoritaire gérant une économie presque libérale. De sorte que, comme dans les pays très pauvres et malgré de nombreux atouts institutionnels, l'accès au microcrédit pourrait être vital pour les Cubains.

D'ailleurs, le Canada, bien placé pour le faire, devrait s'intéresser à une telle initiative.

Selon les premiers rapports, les Cubains paraissent partagés entre l'inquiétude et l'espoir, le second sentiment l'emportant en fin de course. Cependant, l'irruption brutale chez les Castro du principe de réalité sera très durement ressentie, à l'étranger, par ceux qui idolâtraient toujours le modèle cubain.

Il faudra être patient avec eux, demeurer à leur écoute et manifester de la compassion.