Les deux tiers des Canadiens (65,9%) ne veulent plus que nos Forces armées s'engagent dans une nouvelle mission de combat une fois qu'on en aura terminé avec l'Afghanistan. La vocation première des militaires canadiens - et nous devons y revenir - est, disent-ils, de participer prioritairement à des missions de maintien de la paix sous l'égide des Nations unies.

Les deux tiers des Canadiens (65,9%) ne veulent plus que nos Forces armées s'engagent dans une nouvelle mission de combat une fois qu'on en aura terminé avec l'Afghanistan. La vocation première des militaires canadiens - et nous devons y revenir - est, disent-ils, de participer prioritairement à des missions de maintien de la paix sous l'égide des Nations unies.

C'est ce qui se dégage d'un sondage Nanos Research publié, hier, dans le Globe and Mail de Toronto.

Les données tirées du sondage ne surprennent guère: le Casque bleu est un véritable objet fétiche pour les Canadiens. Lesquels ont de plus été éprouvés par le conflit afghan, qui a fait plus de 150 victimes chez nos soldats pour n'aboutir qu'à des résultats incertains (le retrait doit s'effectuer au milieu de 2011).

Il est vrai que les Canadiens ne s'intéressent que fort modestement à la chose militaire qui, dans la liste de leurs priorités, vient après... tout le reste: soins de santé, éducation, économie, environnement, taxation.

Pourtant, Ottawa entend investir dans son bras armé plus de 490 milliards $CAN au cours des 20 prochaines années, ce qui devrait commander un minimum d'attention.

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Désintérêt et lunettes roses, donc?

Si on croit que les missions de maintien de la paix «à papa» représentent notre avenir en matière d'intervention militaire, nous sommes incroyablement optimistes, en effet.

D'ailleurs, était-ce vraiment aussi idyllique dans le passé?

Plus d'une centaine de nos militaires sont morts dans des missions de paix. Et ce, même si, en réalité, celles-ci n'ont jamais occupé qu'une faible part de nos ressources: entre 1500 et 3000 hommes et femmes au maximum dans les «belles» années. Pendant ce temps, jusqu'à 10 000 soldats participaient aux opérations de l'OTAN dans des missions de défense belliqueuses et lourdement armées.

«Le Canada est une nation qui ne connaît pas beaucoup son histoire, de sorte que les mythes fleurissent quand les faits ne sont pas enseignés, ou sont oubliés, ou sont ignorés», écrit l'historien militaire Jack Granatstein (dans Whose War Is It?, notre traduction).

Aujourd'hui, nous battons des records d'absentéisme dans les missions de paix. Des 97 500 militaires et policiers déployés dans le monde sous mandat de l'ONU (2009), et l'Afghanistan mis à part, on compte à peine plus de 200 Canadiens, dont 57 militaires seulement!

Mais ce n'est pas surtout une question de chiffres. L'essentiel est que des missions de paix «pacifiques», il n'y en aura plus. Le modèle des interventions de l'avenir sera plus proche du scénario afghan que de la bonne vieille mission cypriote. Pour vous en convaincre, pensez à la Somalie ou au Soudan...

L'alternative est évidemment de ne pas y aller, ce qui présente cependant un sérieux dilemme moral.

C'est ce à quoi il faudra réfléchir après l'Afghanistan.