C'est l'étincelle qui a fait sauter le circuit! La décision du CRTC sur la tarification des services internet en fonction de l'usage, que le gouvernement Harper a répudiée, est en train de se transformer en véritable guerre de tranchées.

C'est l'étincelle qui a fait sauter le circuit! La décision du CRTC sur la tarification des services internet en fonction de l'usage, que le gouvernement Harper a répudiée, est en train de se transformer en véritable guerre de tranchées.

Sur un thème qui mêle consommation, technologie et culture, l'opinion publique a en effet accroché. Et vaincu, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes a annoncé, hier, qu'il consulterait le public avant de statuer à nouveau dans un avenir indéfini...

Il est remarquable que, cette fois, ce soit la tuyauterie de l'internet qui est en cause, et non son contenu. Pourtant, les questions de fond sont un peu les mêmes. Qui paiera? Et comment? Cependant, ces questions simples sont embrouillées par deux phénomènes.

Un, par l'impression qu'ont beaucoup de Canadiens de payer trop cher pour un service moins coûteux et plus efficace en maints endroits dans le monde. Exact ou pas? Peu importe pour l'instant, car cela relève d'un débat qui n'est pas celui du mode de tarification. Mais, de fait, il faudra bien que les grands fournisseurs de service internet (FSI) s'expliquent un jour à ce sujet.

Deux, la discussion actuelle est colorée par ce que nous serions tentés d'appeler le «nettisme»(!). C'est-à-dire une tournure d'esprit forte et articulée, fondée sur la culture de la gratuité, la gratification de l'échange paritaire et la méfiance à l'endroit des «gros». Depuis l'apparition de l'internet, on le sait, la gratuité et l'échange ont chamboulé l'économie mondiale de l'information et de la culture; le plaisir de défier les «gros» a joué dans les succès d'Apple, de Linux et de milliers de petits logiciels gratuits.

Ainsi, c'est au nom des petits FSI que les utilisateurs les plus voraces d'internet s'opposent à la tarification en fonction de l'usage envisagée par le CRTC. Et qu'ils applaudissent le gouvernement Harper - ce qui, en soi, ne manque pas de sel!

Or, ce segment ne compte que pour moins de 6% du marché.

Certes, cela ne veut pas dire que ces gens ont tort. Ainsi, il est juste de souhaiter le maintien d'une concurrence réelle et diversifiée. Juste aussi, on l'a vu, de poser des questions sur les marges de profits et l'efficacité des gros FSI.

Cependant, sachant que l'utilisateur moyen consomme 15,4 GB par mois, on ne voit pas par quelle justice immanente il paierait le même tarif que le consommateur boulimique qui en avale plus de 250 (un seul film HD, par exemple, «pèse» 3,2 GB). En outre, la demande de bande passante sera en 2014 cinq fois plus grande qu'en 2009, ce qui implique le financement des infrastructures nécessaires.

C'est gros. Complexe. Et ce n'est pas gratuit.