Que s'est-il passé dans les coulisses du pouvoir égyptien et dans les échanges diplomatiques internationaux entre jeudi, 23h (heure du Caire), et 18h, hier? On le saura sans doute un jour. Mais, pour l'instant, on ne peut que contempler le résultat: le maître absolu de la nation depuis trois décennies, Hosni Moubarak, s'est avoué vaincu après 18 jours de soulèvement de la jeunesse égyptienne. Et il a abandonné le pouvoir à un conseil militaire qui assumera de façon provisoire - dans le meilleur des cas - la responsabilité de gouverner.

Que s'est-il passé dans les coulisses du pouvoir égyptien et dans les échanges diplomatiques internationaux entre jeudi, 23h (heure du Caire), et 18h, hier? On le saura sans doute un jour. Mais, pour l'instant, on ne peut que contempler le résultat: le maître absolu de la nation depuis trois décennies, Hosni Moubarak, s'est avoué vaincu après 18 jours de soulèvement de la jeunesse égyptienne. Et il a abandonné le pouvoir à un conseil militaire qui assumera de façon provisoire - dans le meilleur des cas - la responsabilité de gouverner.

Est-il utile de dire que la «rue» égyptienne a accueilli la nouvelle dans la frénésie?

Surtout que, la veille, c'est surtout la rage qui dominait. Ou la stupéfaction, à Washington et sans doute dans bien d'autres capitales: Barack Obama, notamment, a eu l'air totalement abasourdi par l'attitude de Moubarak. L'allocution du raïs, à 23h, où il affirmait sa détermination de s'accrocher au pouvoir, paraissait en effet à ce point absurde que, pas un seul instant, la «rue» n'a songé à abandonner.

Aux petites heures du matin, la place Tahrir était toujours noire de monde, même si des groupes importants avaient apparemment choisi de se diriger vers l'immeuble de la télévision nationale (Nile TV, devenue graduellement sympathique aux manifestants), le parlement, le palais présidentiel. En même temps, dans la nuit de jeudi à hier, certaines informations, notamment données à CNN par l'ambassadeur égyptien à Washington, laissaient entendre que Moubarak ne gouvernait plus. Et que le vice-président nommé il y a à peine 12 jours, Omar Souleimane, issu des rangs du renseignement militaire, était désormais le «poteau» de l'armée et par conséquent le véritable leader du pays - auquel cas cela n'aura pas duré très longtemps...

Enfin, très tôt, hier, jour de prière chez les musulmans, la foule des insurgés pacifiques promettait d'être encore plus considérable.

Est-ce cela qui a emporté le morceau?

Il faudra des semaines, peut-être des mois, avant de savoir véritablement quel avenir attend les Égyptiens. Démocratie réelle ou nouveau détournement par une version revue et corrigée de la domination militaire? Marche vers une société laïque ou débarquement au pouvoir des islamistes, une menace qui, au pays des Frères musulmans, demeure dangereusement réelle?

Et il faudra plus longtemps encore pour savoir quel impact le «printemps égyptien» aura sur une civilisation entière qui ne connaît pas la démocratie. Et qui connaît encore moins la révolution (presque) sans violence, une première, quasiment un miracle.

Peut-être la somme des intérêts en jeu dans et autour du monde arabe finira-t-elle par étouffer la «rue» égyptienne - et la tunisienne, et les autres qui viendront peut-être. Mais, pour l'instant, nous préférons l'optimisme, celui-là même qui a motivé depuis 18 jours les jeunes de la place Tahrir.