Depuis une semaine, ils courent dans tous les sens comme des poules sans tête. «Ils», ce sont ceux et celles qui, en France, sont les bonzes de ce qu'on appellerait ici les vieux partis. Deux sondages successifs donnant le Front national vainqueur au premier tour de l'élection présidentielle, en mai 2012, leur ont littéralement coupé le cou. Pire: le résultat est le même quel que soit le candidat socialiste désigné, fut-il Dominique Strauss-Kahn, le messie annoncé.    

Depuis une semaine, ils courent dans tous les sens comme des poules sans tête. «Ils», ce sont ceux et celles qui, en France, sont les bonzes de ce qu'on appellerait ici les vieux partis. Deux sondages successifs donnant le Front national vainqueur au premier tour de l'élection présidentielle, en mai 2012, leur ont littéralement coupé le cou. Pire: le résultat est le même quel que soit le candidat socialiste désigné, fut-il Dominique Strauss-Kahn, le messie annoncé.    

Le souvenir du premier tour de la présidentielle de 2002 revient donc hanter l'élite politique. Les urnes avaient propulsé Jean-Marie Le Pen au deuxième tour... alors qu'aucun sondage ne lui donnait la moindre chance d'y accéder!

Aujourd'hui, avec des coups de sonde favorables au FN, on craint donc l'apocalypse. Le quotidien Le Monde publie une vignette où on lit: «2012, un film catastrophe». Mais il tente tout de même de rassurer: «Marine Le Pen n'entrera jamais à l'Élysée (...) quand bien même elle serait le politicien préféré des Français».

Ouf.

Ce bout de phrase identifie les deux éléments actifs dans la campagne qui s'ouvre de façon informelle à plus d'un an du scrutin. Marine Le Pen. Le mépris affiché à l'endroit des humeurs populaires.

Du neuf et du vieux.

D'une part, il est clair que les coqs de la politique française n'ont tiré aucune leçon de 2002. De sorte qu'ils professent encore aujourd'hui cette étrange doctrine : l'essentiel avec une élection, c'est qu'elle échappe à l'électorat!

Cette basse-cour songe-t-elle à revoir ses politiques, à affronter les problèmes réels, à mieux écouter les Français? Pas une seconde. Elle préfère donner des coups de bec aux sondeurs. Et échafauder des tactiques exclusivement anti-FN: bricoler une union de la gauche, par exemple, en sacrifiant les petits partis - écolos, maos et autres cocos - qui n'ont à bon droit aucune envie de se saborder!

D'autre part, l'élément neuf de la précampagne s'incarne évidemment en la personne de Marine Le Pen, héritière du FN. C'est-à-dire d'un parti qu'il n'est même pas nécessaire de diaboliser pour constater qu'il cultive encore des lubies. Ses positions draconiennes sur l'immigration et la sécurité ne sont pas seules en cause. Se retirer de la zone euro, renier l'OTAN ou combattre la mondialisation sont des projets tout aussi oiseux et rétrogrades.

Cela étant, Marine Le Pen est-elle prête à faire un ménage dans le legs de son père ? Recentrera-t-elle vraiment le Front national ou ne fera-t-elle qu'en donner l'illusion? Chose sûre, son discours est pragmatique, mesuré, purgé du folklore nauséabond qui rendait Jean-Marie Le Pen si détestable.

Sans doute est-ce cette perspective, celle d'un Front national «présentable», qui crée aujourd'hui tant d'agitation dans le poulailler.