Serait-ce une théorie du complot crédible que celle voulant que le Parti républicain, hypnotisé par une force maléfique, peut-être extraterrestre, s'emploie sans relâche à se saboter lui-même? À ruiner toutes ses chances de reprendre les clés de la Maison-Blanche lors de l'élection présidentielle de 2012? Chose sûre, ce ne serait pas une théorie plus insensée que les récits fantastiques des truthers, birthers et autres...

Serait-ce une théorie du complot crédible que celle voulant que le Parti républicain, hypnotisé par une force maléfique, peut-être extraterrestre, s'emploie sans relâche à se saboter lui-même? À ruiner toutes ses chances de reprendre les clés de la Maison-Blanche lors de l'élection présidentielle de 2012? Chose sûre, ce ne serait pas une théorie plus insensée que les récits fantastiques des truthers, birthers et autres...

En fait, depuis l'irruption de Sarah Palin dans l'arène politique nationale, en 2008, on a vu le Grand Old Party et quelques-uns de ses gourous, officiels ou non, proches du Tea Party ou pas, s'enfoncer souvent dans les sables mouvants de l'ignorance ou de la déraison. Ce qu'ont d'ailleurs déploré des républicains respectés, tels Colin Powell, David Frum, Karl Rove.

Or, les plus récents événements ne feront rien pour arranger les choses.

Ainsi, pourquoi fallait-il qu'une obscure responsable du parti ait l'idée de distribuer une image de Barack Obama en bébé-singe dans les bras de parents également simiesques? Et la dame de s'exclamer: «Vous n'allez pas faire un scandale pour ça, non?» Que la connotation profondément raciste de cette illustration ait pu lui échapper une seule seconde jette un éclairage inquiétant sur certaines humeurs (et on sait où elles logent principalement) consécutives à l'élection d'un président noir.

«Maintenant, on comprend pourquoi il n'a pas d'extrait de naissance», était-il en outre inscrit au bas de la photo. Ce qui boucle la boucle: cette légende urbaine tient en effet d'un racisme profond qui ne veut pas dire son nom.

* * *

Donald Trump, lui, n'est pas un obscur militant.

Le multimilliardaire est le miraculé de «l'évangile du succès», juge le New York Times. Il sème partout des monuments urbains à sa gloire. Il pourrait avoir personnellement inventé la société du spectacle. Il impose à la télé sa réalité. Candidat républicain à la présidence, il serait alors le deuxième favori - après Mitt Romney ou Mike Huckabee, selon les sondages.  

Or, cet homme-là se mue aujourd'hui en born again birther (!), ressuscitant le complot du certificat de naissance que l'on croyait mort au feuilleton.

De plus, il décline un programme à rendre jaloux les plus belliqueux impérialistes de l'Europe du XIXe et XXe siècles. L'Amérique doit utiliser sa force, dit-il en substance. Gagner des guerres et prendre possession du butin - c'est-à-dire du pays vaincu tout entier. Et traiter la Chine en ennemie ! Est-il sérieux? On l'ignore. Tout comme on ignore s'il se présentera vraiment à l'investiture républicaine... C'est Karl Rove, encore, qui dit: «Ce type est pourtant intelligent. Maintenant, sa candidature ne serait qu'une blague.»

Décidément, on rigole beaucoup depuis deux ou trois ans chez les républicains.