En général, les médias établis saluent avec élégance l'irruption d'un nouvel organe de presse dans leur pré carré. Noblesse de l'information, garantie de diversité, rempart de la démocratie... D'habitude, pas un seul cliché ne manque à l'appel! Or, l'accueil a été très différent pour la nouvelle télé d'info continue, Sun News Network: elle est entrée en ondes, lundi, dans une ambiance de franche hostilité.

En général, les médias établis saluent avec élégance l'irruption d'un nouvel organe de presse dans leur pré carré. Noblesse de l'information, garantie de diversité, rempart de la démocratie... D'habitude, pas un seul cliché ne manque à l'appel! Or, l'accueil a été très différent pour la nouvelle télé d'info continue, Sun News Network: elle est entrée en ondes, lundi, dans une ambiance de franche hostilité.

Avant même d'apparaître, SNN avait déjà fait l'objet d'une campagne internationale (!) réclamant sa... disparition, notamment endossée par la papesse de la culture canadienne, Margaret Atwood.

Et 48 heures avant le jour J, le Toronto Star mettait solennellement en garde le pays contre ce «Fox News North». Contre le «populisme» et le «conservatisme red neck» de «têtes courroucées» et de «râleurs professionnels» flattant «à l'américaine» les «instincts du monde ordinaire». À court de qualificatifs, le quotidien évoquait enfin, pour terroriser le bon peuple, le spectre de l'animateur-preacher halluciné du film Network!

Ce n'est pas rien.

Le Toronto Star est le plus important organe de presse au Canada, distribuant trois millions et demi d'exemplaires chaque semaine, sans parler de sa présence sur le web. Et sa position dans cette affaire est conforme à l'opinion dominante au sein des milieux journalistiques.

SNN aura donc accédé à l'existence non seulement dans l'hostilité, mais dans l'hystérie.

* * *

Les Québécois, qui ne fréquenteront pas la chaîne de Quebecor Media, ne serait-ce qu'en raison de la langue, savent donc une seule chose à son sujet: elle est une créature du diable.

Malgré cela, il serait sage de nous interroger sur son principal argument de vente. Qui est: nous briserons, promettent les artisans de SNN, le consensus médiatique occultant une vision différente des réalités actuelles et des solutions d'avenir.

Car ce consensus - pas absolu, bien sûr - existe bel et bien.

Appartenant, soit par la naissance, soit par l'ascension personnelle, au même milieu socioéconomique que les professeurs, les cadres de l'État et les professionnels de la culture, des sciences humaines ou de la politique, les scribes partagent beaucoup avec eux. Des milieux de vie. Des produits culturels et des technologies. Des loisirs et des destinations-vacances. Des spécificités de langage et de comportement. Ainsi que, tout naturellement, un corpus idéologique qui, pour faire court, loge dans un centre gauche éprouvé et confortable.

Or, au sujet de cette sorte de convergence, la confrérie préfère pour des raisons évidentes ne pas être trop transparente. Elle admet à peine que sa concentration géographique, documentée, est sidérante !

La chaîne Sun News Network ne serait donc pas inutile, même pour qui ne la fréquentera jamais, si elle parvenait à secouer un peu la poussière discrètement accumulée sur nos distinguées écritoires.