Une pomme par jour éloigne le médecin... et une bonne cause par jour le ramène! Pour un, le bon docteur Khadir revient presque quotidiennement devant l'opinion publique, titulaire à chaque fois d'une nouvelle mission salvatrice...

Une pomme par jour éloigne le médecin... et une bonne cause par jour le ramène! Pour un, le bon docteur Khadir revient presque quotidiennement devant l'opinion publique, titulaire à chaque fois d'une nouvelle mission salvatrice...

On a sévèrement jugé cette campagne son et lumières du député de Mercier. Mais elle est parfois utile.

Ainsi en est-il de la récente croisade d'Amir Khadir et d'un autre docteur, Serge Mongeau, contre les bolides de Formule 1, une chevauchée militante mue par un engin à deux temps. Le premier - sus aux chars! - est simplet. Mais le second, qui renvoie à la «décroissance conviviale», soulève des questions vraiment intéressantes.

Cadre théorique de la simplicité volontaire, la décroissance conviviale se veut l'alternative à un développement qui, même «durable», ne durera pas. Renoncer aux chars n'est rien. Ce qu'il faut, c'est détruire toute «l'idéologie du Progrès, qui conçoit que l'Homme, maître de la nature, avance inéluctablement dans l'amélioration du monde», lit-on dans le manifeste du Mouvement québécois pour une décroissance conviviale, créature du docteur Mongeau.

On verra un autre jour si, au fil des millénaires, la croissance a amélioré le sort de l'homo sapiens (hmmm... difficile de juger, n'est-ce pas?). Pour l'heure, demandons-nous seulement ceci. Historiquement, une société est-elle déjà entrée volontairement en décroissance? Et, parmi toutes celles qui ont décru, s'en est-il trouvé une seule pour en tirer un avantage?

Dans les deux cas, la réponse courte est: non.

De très nombreux ouvrages d'histoire économique* ont décrit le cheminement des nations bénies par la croissance et autopsié celles tuées par la décroissance.

On y voit que la croissance se décide, à tout le moins comme objectif, et s'installe selon un processus conscient et actif. La décroissance, elle, a toujours été subie, infailliblement dans la douleur. On comprend aussi que, strictement par instinct, l'homo sapiens tend à penser, inventer, produire, communiquer, vendre, acheter et mettre de l'ordre dans le chaos qui l'entoure. Cela s'appelle: croître.  

Aujourd'hui, certains tentent d'imposer une vision de la décroissance qui dégouline de cette bonne vieille vulgate marxisante que tout le monde connaît bien: le MQDC nage littéralement dedans! Or, tout ça n'est que du show business. Ainsi, le folklore associé à la simplicité volontaire vise à faire oublier qu'elle est un luxe de société riche, donc en croissance, et n'existerait pas sans elle.

D'autre part, changer nos habitudes de consommation, ce qui est nécessaire, n'implique pas qu'il faille décroître. Ce qu'il faut au contraire, c'est penser, inventer, produire, communiquer, vendre et acheter encore, peut-être même plus.

Mais autre chose.

* La bible demeure Richesse et pauvreté des nations, de David S. Landes. Mais on lira aussi, de William J. Bernstein, The Birth of Plenty (La Naissance de l'opulence, non traduit en français)