Nous publions aujourd'hui le premier de deux éditoriaux sur le cap historique que l'humanité s'apprête à franchir.

La population mondiale va atteindre cet automne les 7 milliards d'individus. Sous l'angle statistique, l'événement se produira le 31 octobre et le bébé qui fera franchir ce cap historique à l'espèce humaine naîtra quelque part en Inde...

Notre espèce (réduite il y a 70 000 ans à quelques milliers de survivants décharnés, selon des scientifiques) aura donc mis des millénaires à atteindre le milliard, un seuil franchi seulement en 1800. À peine 211 ans plus tard, nous serons donc sept fois plus nombreux. Ensuite? L'hypothèse la plus souvent évoquée est celle d'une croissance de la population qui durerait jusqu'en 2100 (pour atteindre 10 milliards d'individus); elle ferait ensuite place à une période de stabilisation.

Cependant, il faut être capable de croire aveuglément en des projections hasardeuses pour prétendre savoir ce qui se passera au juste dans presque 100 ans...

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De toutes les grandes frayeurs jetées sur nous depuis que nos ancêtres sont descendus des arbres, la crainte de l'extermination par le nombre est la plus ancienne et la plus durable.

Confucius et Platon ont brandi ce spectre 300 ou 400 ans avant Jésus-Christ... et un scientifique australien renommé, Frank Fenner, l'a fait lui aussi il y a à peine un an!

Cependant, c'est en 1968 que l'affaire a culminé. Celui qu'on pourrait appeler le «Al Gore de la surpopulation», le biologiste Paul Ehrlich, a alors lancé, sur invitation du Sierra Club, une véritable bombe précisément titrée The Population Bomb, qui s'incrusta dans la culture médiatique et populaire. Hélas!, les famines planétaires et autres cataclysmes croquignolets qu'il annonçait pour les années 70 ne se matérialisèrent jamais...

Aujourd'hui, on sait trois choses.

D'abord, les humains ne manqueront jamais d'espace: regroupée en un seul lieu, la totalité de la population mondiale tiendrait facilement à l'intérieur de la Californie.

Ensuite, la production alimentaire suffirait dès aujourd'hui à nourrir plus de 11 milliards d'êtres humains... si son affectation et sa distribution étaient adéquates. En clair: il n'y a pas pénurie, mais gaspillage, détournement et cupidité.

Enfin, 7 milliards d'êtres humains, c'est aussi 7 milliards de cerveaux! Avec la seule arme que l'évolution lui a donnée, l'intelligence, l'espèce a à ce jour vaincu tous les problèmes qui se sont présentés à elle. Et il n'y a pas de raisons pour que ça s'arrête: s'il faut entretenir une foi quelconque, c'est en l'homme qu'il faut la placer.

Or, face aux problèmes - car il y en a - liés à l'augmentation de la population, l'intelligence et la foi en nos propres moyens ne seront pas superflues.

Ce que nous verrons, demain.