Faut-il laisser parler des hommes qui conseillent de criminaliser l'homosexualité ou luttent pour le droit qu'ont les maris de battre leur femme? Apparemment, c'est selon...

D'une part, une association étudiante de l'Université Concordia offre une tribune à des conférenciers étrangers, Hazma Tzortzis et Abdur Raheem Green, reconnus pour répandre de telles idées.

D'autre part, les instances judiciaires ou parajudiciaires canadiennes condamnent des hommes pour homophobie ou sexisme en rapport avec des propos moins virulents. La Cour suprême étudie en ce moment même le cas de William Whatcott, plongé dans une véritable saga judiciaire pour avoir distribué des tracts dépréciant l'homosexualité. Et à l'Université Concordia, justement, Ehoud Barak et Benyamin Nétanyahou ont été chassés par la violence, en 2002 et 2004.

Pourquoi ces différences de traitement?

Les deux premiers individus sont des convertis à l'islam, Whatcott est chrétien, les deux derniers sont juifs... y aurait-il un rapport?

De fait, nous avons déjà noté qu'il n'existe pas ici de mouvement islamophobe le moindrement influent.

Ce que l'on voit en lieu et place, c'est au contraire une extrême tolérance à l'endroit de l'islam politique, une tolérance travestie en noble cause, celle de la lutte contre l'islamophobie. Or, cette tolérance est la plupart du temps le résultat de l'un ou l'autre facteur. Soit de la peur physique qu'inspire le bullying islamiste, comme dans l'affaire des caricatures de Mahomet. Soit de par sa fonction de cause-breloque, sorte de médaille que l'on s'accroche au cou afin de bien montrer son appartenance à la caste de la branchitude multikulti.

Bref, ce que l'on voit agir chez nous, c'est non pas l'islamophobie, mais bien l'islamophilie, imposée ou librement consentie.

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Sachant cela, que faire avec les deux «preachers» d'Allah?

D'abord, au moment d'écrire ces lignes, la question de savoir si la conférence aurait lieu ou pas n'était pas claire. Elle a à tout le moins été «déménagée» après la commotion initiée par un site web, postedeveille.ca, qui s'est répercutée jusqu'à l'Assemblée nationale, laquelle réclame maintenant une interdiction de séjour.

Nonobstant ce flou logistique, deux attitudes sont possibles. Enlever à Hazma Tzortzis et Abdur Raheem Green tout droit de parole. Ou le leur allouer. En ce cas, la logique commandera aux instances judiciaires et parajudiciaires canadiennes de cesser de persécuter les citoyens qui se prévalent de ce même droit même s'ils ne sont pas identifiés à l'islam. Et, puisqu'il existe des motifs raisonnables de croire qu'un tel danger existe, la prudence conseillera à la police d'être présente afin de vérifier si l'un ou l'autre orateur contrevient aux articles 318 et 319 du Code criminel traitant de propagande haineuse.

La loi prévoit deux ans de prison.