Je travaille au centre d'hébergement J-Arsène Parenteau à Sorel depuis mars 2003 comme préposée aux bénéficiaires. Je suis donc une employée du secteur public actuellement en négociation. J'ai 25 ans, et j'adore mon métier. Mais je suis écoeurée des conditions de travail et de la pénurie de personnel.

Je travaille au centre d'hébergement J-Arsène Parenteau à Sorel depuis mars 2003 comme préposée aux bénéficiaires. Je suis donc une employée du secteur public actuellement en négociation. J'ai 25 ans, et j'adore mon métier. Mais je suis écoeurée des conditions de travail et de la pénurie de personnel.

Même si j'ai près de sept ans d'ancienneté, je n'ai encore qu'un poste de deux jours. La plupart du temps, les trois autres jours de la semaine, je fais des remplacements. Ce qui me donne un salaire d'environ 35 000$ par année. Malheureusement, beaucoup trop de mes collègues sont coincés avec des postes de trois heures, quatre heures, cinq heures ou six heures par jour. L'employeur refuse de réorganiser le travail pour créer plus de postes à temps complet en prétendant qu'il n'a pas le budget.

Avec si peu d'heures, le revenu est nettement insuffisant pour vivre normalement, ce qui fait que c'est très difficile d'attirer et de garder notre monde au CHSLD. Il y a des conséquences pour les travailleurs qui restent. Nous sommes fatigués, épuisés, à bout de souffle. Il y a des conséquences désastreuses pour les résidants âgés.

Quand on entre sur un département et qu'il manque un ou deux et même parfois trois préposées aux bénéficiaires et qu'on doit se partager les bains, comment pensez-vous qu'on se sent? Nous devons alors laver les résidants très sommairement. Dans notre milieu, on appelle ça laver en signe de croix (figure, aisselles, parties génitales et les fesses). Le pire c'est que l'on vit cette situation toutes les semaines malgré nos cris d'alarme, rien ne change. Les résidents méritent de bons soins. On travaille avec des êtres humains et non avec des boîtes de conserve.

Je pourrais également vous parler de mon salaire qui me permet à peine de joindre les deux bouts. Des maux de dos et d'épaule que j'ai parfois. Du manque d'équipement adéquat. Du matériel essentiel qu'on nous demande pourtant d'économiser. Par exemple, on nous demande d'utiliser moins de gants: on a pourtant à changer des culottes d'incontinence, et à laver des dentiers...

Les préposés aux bénéficiaires ont un grand rôle à jouer dans l'équipe des soins. C'est nous qui sommes les plus présents dans la vie de tous les jours des résidants. Je suis fière d'être préposée. Il me reste 29 ans à travailler, j'aimerais continuer à faire ce métier, mais à être plus respectée et considérée. Et aussi que les personnes âgées soient davantage respectées et considérées. J'ai l'impression que les deux vont très bien ensemble!