Le retrait temporaire de Jack Layton de la vie politique soulève plusieurs questions. Quel sera l'impact de l'absence de son chef sur le NPD au cours des prochaines semaines? En quoi son rôle d'opposition officielle sera-t-il affecté? L'appui des Canadiens, et particulièrement des Québécois, à cette formation politique demeurera-t-il intact?LES COMMENTAIRES DOIVENT ÊTRE SIGNÉS. MAXIMUM DE 150 MOTS.

Pierre-Yves McSween

Comptable agréé, enseignant au collège de Lanaudière et chargé de cours à HEC Montréal

ON CONNAÎT TOUS UN JACK LAYTON

Dans l'esprit des électeurs québécois, le NPD et Jack ne font qu'un. Si l'absence de Jack Layton ne dure que quelques semaines, le leadership de ce dernier ne sera que plus grand. Un peu comme Lucien Bouchard à l'époque, il sera vu comme un survivant et un battant. S'il devait ultimement abandonner ses fonctions, il y a de la relève comme Thomas Mulcair, mais la politique canadienne ne serait plus la même sans son sourire moustachu. Mais au-delà de la politique, il y a l'homme. Je me permets donc exceptionnellement de déborder de la question. Pour chacun d'entre nous, l'image de Jack Layton d'hier nous rappelle celle d'un parent ou d'un ami qui a lutté contre la maladie. Pour ma part, hier, j'ai pensé à Agathe Bégin. Une femme extraordinaire qui a lutté bien au-delà de ce que la médecine lui avait donné comme sursis. Elle était comme Jack, souriante, positive, déterminée, mais surtout, elle se voulait rassurante pour son entourage. Sa souffrance était grande et constante, mais elle s'efforçait de ne jamais la laisser paraître. Hier, à la télévision, j'ai vu cette même détermination de vaincre et de se vouloir rassurant. Je voyais Agathe, mais d'autres voyaient Luc, Isabelle, Martin, etc. : on connaît tous un Jack Layton. Je souhaite à M. Layton, tout le courage, la force et la détermination nécessaires à vaincre ce nouveau cancer. M. Layton, vous êtes un exemple, j'ai confiance et mes pensées sont avec vous. Vous vaincrez, nous le savons.

Pierre-Yves McSween

Richard Vigneault

Consultant en communication et membre de l'Idée fédérale

UN CHEF INSPIRANT

Jack Layton fait preuve d'un grand courage et l'on devine la détermination qu'il lui faudra pour passer à travers une épreuve injuste pour tous ceux qu'elle frappe. Son attitude très digne peut donner de l'espoir à ceux qui, moins connus, doivent affronter le fléau du cancer, un mal qui ne fait aucune discrimination. Nous souhaitons tous voir Jack Layton reprendre son rôle de chef de l'Opposition officielle le plus tôt possible. Dans les circonstances, son équipe de députés dont la majorité est québécoise, devra serrer les rangs et s'inspirer de la force de son chef pour accomplir le mandat qu'une partie de la population lui a confié. Tout le monde souhaite le retour de Jack Layton et quand on dit tout le monde, ça inclut la formation conservatrice au gouvernement. Il est donc prématuré, voire déplacé, de spéculer sur des hypothèses relatives au maintien des appuis au NPD. D'autres partis politiques ont vu leur chef subir des problèmes de santé importants, on pense au Bloc sous Lucien Bouchard, ou encore au PLQ sous Robert Bourassa dans les années 90. Un parti politique trouve souvent sa force dans le courage de celui qui le guide. Mais l'électorat finit toujours par décider, comme on l'a vu avec le Bloc québécois aux dernières élections, sous un chef pourtant très populaire.

Guy Ferland

Enseignant de philosophie au collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse

TOUS AVEC JACK

Le retrait temporaire de Jack Layton de l'arène politique laisse un grand vide dans son parti et provoque une profonde tristesse dans la population canadienne. On ne peut que lui souhaiter un prompt rétablissement complet. Pour le NPD, la relève pourra être assurée adéquatement par Nycole Turmel sans trop affaiblir l'opposition officielle si l'absence du chef se prolonge au-delà de la rentrée parlementaire. Pour les Canadiens et les Québécois qui l'ont élu lors de la dernière campagne fédérale, la douleur est aussi profondément ressentie qu'un élan de sympathie réelle les liait à l'homme politique. Aujourd'hui plus que jamais, les Canadiens et les Québécois appuient l'homme qui combat la maladie. En attendant le retour souhaité par tous du chef de l'opposition officielle, le NPD jouira d'une vague de sympathie qui pourrait permettre à d'autres membres du parti de s'illustrer pendant les prochaines semaines. Cela pourrait apporter un peu de vent de fraîcheur sur la colline parlementaire. C'est le seul aspect positif qui ressort de cette terrible lutte contre le cancer de l'homme politique canadien le plus aimé au pays.

Jean Gouin

Directeur général de la Fédération des médecins résidents du Québec

LA VIE POLITIQUE SANS JACK

Jack Layton a un charisme que peu de politiciens peuvent se vanter d'avoir. La franchise avec laquelle il s'exprime va sûrement nous manquer. Jack Layton incarne le NPD, tout comme Ed Broadbent et Tommy Douglas, le premier chef du NPD fédéral, l'ont fait avant lui. Son absence, mais davantage son retrait possible de la vie politique, laissera un vide qui sera, comme ce fut le cas pour ses prédécesseurs, éventuellement comblé. Mais c'est l'idéologie du parti qu'il faut maintenir à travers ses porte-parole. La troupe de Jack Layton devra redoubler d'ardeur et soutenir son chef intérimaire. Jack saura, même malade, inspirer son parti et ses députés dans son rôle d'opposition officielle. On ne peut qu'admirer l'individu qui, devant le dur combat qu'il aura à mener dans les prochaines semaines, démontre une certaine sérénité, tout en demeurant réaliste sur l'issue éventuelle de cette bataille qui est personnelle, ne l'oublions pas. La confiance affichée de Jack Layton est contagieuse et peut faire déplacer des montagnes. C'est pourquoi je suis de ceux qui croient que tous les Canadiens, et particulièrement les Québécois qui ont soutenu le NPD le 2 mai dernier, seront plus unis que jamais derrière ce parti et son chef, Jack Layton. Puisse Jack Layton sortir vainqueur de son combat et nous revenir en santé. Bonne chance, Jack!

Daniel Landry

Professeur de sociologie au Collège Laflèche, à Trois-Rivières.

EN ATTENDANT JACK

L'optimisme et la force de caractère de Jack Layton sont exemplaires. Il espère combattre rapidement le cancer afin de revenir dans l'arène politique dès l'automne. Partisans et adversaires le lui souhaitent. Réalistement, il faut cependant s'attendre à ce que le NPD soit orphelin de chef pour plusieurs mois. Pour cette formation qui doit sa récente gloire à Jack Layton, la situation peut sembler catastrophique. Il n'en est rien. Bien que la popularité du parti puisse être affectée à court terme, son défi pour les prochains mois n'est ni de grimper dans les sondages ni de vendre le charisme du chef comme prochain premier ministre. Leurs principaux objectifs sont plutôt de jouer un rôle d'opposition officielle forte, de bien encadrer les députés inexpérimentés et de laisser la place aux étoiles montantes qui auront quatre années pour bâtir leur crédibilité.  En effet, rappelons-nous que le gouvernement Harper est majoritaire et que les Canadiens sont ainsi «délestés» de leur devoir d'électeurs jusqu'en octobre 2015, soit une éternité. Rappelons-nous également que le PLC et le Bloc ont également des chefs intérimaires. D'ailleurs, entre la gestion de la croissance du NPD et celle de la décroissance des deux autres, le choix est plutôt facile. Le chef va manquer aux néo-démocrates. Souhaitons qu'il revienne en santé. Mais les défis que les Canadiens - et particulièrement les Québécois - leur ont lancés le 2 mai dernier sont toujours les mêmes.

Jana Havrankova

Endocrinologue

LE PROGRAMME AUSSI ATTRAYANT QUE SON CHEF

La personnalité attachante de Jack Layton explique sans doute en partie la récente percée du NPD au Québec. Mais au-delà du charisme du chef, il y a le programme du NPD, qui présente de nombreux attraits pour ceux qui se soucient de la démocratie, de la justice sociale et de l'économie au service des gens (https://www.npd.ca/plateforme). Ainsi, le NPD s'engage à réduire le taux d'imposition aux petites entreprises et à instaurer le crédit d'impôt à la création de l'emploi, plutôt qu'à réduire l'impôt aux grandes compagnies, y compris aux richissimes pétrolières; à investir dans le transport en commun plutôt que dans les avions de chasse; à plafonner les émissions polluantes et à développer les énergies propres; à utiliser le pouvoir de négociation du gouvernement pour diminuer le coût des médicaments assumé par le système public; à encourager la recherche biomédicale avec les fonds publics plutôt que de la céder au secteur privé, qui vise des profits immédiats. Par-dessus tout, le NPD promet la réforme du scrutin pour y introduire des éléments de proportionnalité pour que chaque vote compte. Réduire le NPD à la personnalité de Jack Layton sert les opposants du programme de ce parti. Le parti restera vigoureux malgré l'absence, temporaire, souhaitons-le, de son chef. Bon courage, M. Layton!

Léo Bureau-Blouin

Président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ)

L'OCCASION DE FAIRE SES PREUVES

Le retrait temporaire de Jack Layton pour des raisons de santé a déjà créé un élan de sympathie au sein de l'opinion publique. Or, au-delà de cette « vague de sympathie », pardonnez l'expression, on peut difficilement nier que ce retrait aura un impact sur le rôle d'opposition officielle du NPD. D'abord parce que M. Layton est un des rares politiciens d'expérience de cette formation politique, mais également parce qu'il en est l'image. Les Québécois semblent avoir voté massivement pour « Jack », avant le parti.  En perdant temporairement « Jack », comment le NPD réussira-t-il à calmer les ardeurs des conservateurs et à convaincre l'opinion publique? La sympathie permet de conserver l'appui de l'électorat pendant un temps, mais elle ne fait pas le travail d'opposition et elle ne remplace surtout pas des politiciens d'expérience. C'est sans compter que le NPD n'a pas eu la chance de faire ses preuves en tant qu'opposition au courant de la dernière session parlementaire qui fut plutôt brève. Tout est à construire. Sans affirmer que le NPD perdra des plumes, c'est à tout le moins l'occasion ultime pour cette formation de démontrer qu'il ne s'agit pas d'un parti « vide » bâti autour d'un seul homme comme plusieurs le prétendent. La réponse de l'électorat dépendra donc des résultats. Un dossier à suivre, mais d'ici là, prompt rétablissement à un politicien dévoué et respecté.

Francine Laplante

Femme d'affaires et présidente de la fondation des Gouverneurs de l'Espoir

OUBLIONS SON RETOUR

Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Nous avons bien évidement entendu notre premier ministre déclarer haut et fort sa sympathie face au combat que doit livrer son opposant mais soyons francs et réalistes, notre cher M. Harper a sûrement vécu hier une de ses plus belles journées comme premier ministre depuis son arrivée au pouvoir. Le loup est maintenant seul dans la bergerie. Ouvrons nos yeux, Jack ne sera pas de retour le 19 septembre, vous avez vu les mêmes images que moi. Quiconque connaît quelqu'un atteint de cancer peut facilement faire des projections. Le bon Jack est malade, très malade. Oublions son retour en politique, il faudra dorénavant vivre avec une opposition encore plus faible qu'elle l'était jusqu'ici ! C'est le prix à payer lorsqu'un peuple choisit d'élire un homme plutôt qu'une équipe.

Pierre Simard

Professeur à l'École nationale d'administration publique à Québec

SI SON ABSENCE SE PROLONGE...

Au lendemain de l'annonce de son retrait temporaire de la vie politique, les témoignages de sympathie à l'endroit de Jack Layton se multiplient. Celui qui, depuis plusieurs mois, combat la maladie avec optimisme et courage, crée beaucoup d'empathie dans la population. Dans sa « Théorie des sentiments sociaux », Adam Smith explique que ce phénomène est attribuable à notre capacité de se placer à distance de nos intérêts pour comprendre ce que les autres ressentent. C'est comme si chacun d'entre nous faisait sien le cancer de Jack Layton et ressentait le désarroi que cette situation peut provoquer chez lui; comme si on communiait avec sa souffrance et sa douleur. Dans la mesure où la politique est une activité hautement émotive, on peut penser qu'une courte absence de Jack Layton ne nuira pas au NPD, au contraire. Par contre, si elle devait se prolonger, on peut penser que la partisanerie politique prendra peu à peu le dessus sur les bons sentiments.

Pierre Simard

Gaétan Frigon

Président exécutif de Publipage inc. et ancien président-directeur général de la Société des alcools du Québec et de Loto-Québec

UN GRAND VIDE

Il y a deux choses qui m'ont frappé lorsque Jack Layton a annoncé son retrait temporaire de la vie politique. D'une part, son apparence physique laisse croire que ce nouveau cancer est plus grave que le cancer de la prostate qu'il a eu il y a un certain temps. D'autre part, le fait qu'il n'a pas mentionné de quel cancer il s'agissait laisse également croire que c'est beaucoup plus grave cette fois-ci. Je me dois donc d'assumer qu'il est fort possible que Jack Layton ne revienne tout simplement pas comme chef de l'opposition officielle. Si c'est le cas, il va y avoir un vide évident dans l'échiquier politique canadien et québécois. Les libéraux sont moribonds et le resteront encore pour quelques années dans l'attente d'un nouveau chef. Le Bloc québécois est pour ainsi dire disparu de la carte. Le NPD était donc la seule formation politique qui pouvait tenir tête au gouvernement conservateur majoritaire. De plus, lors des dernières élections, les Québécois ont exprimé leur désir de changement en votant beaucoup plus pour Jack que pour le NPD lui-même. Le danger pour l'avenir tient donc à l'attitude qu'auront les conservateurs. Ils auront l'opportunité soit d'agir à leur guise devant une opposition affaiblie, soit de démontrer qu'ils peuvent réellement gouverner en tenant compte de la diversité du pays. Espérons qu'ils choisiront cette dernière option.

Mélanie Dugré

Avocate

DE GRANDS SOULIERS À CHAUSSER

L'image d'un individu luttant contre le cancer est toujours troublante et bouleversante et personne n'est resté indifférent devant un Jack Layton affaibli et amaigri. Il faut admettre que si l'élection en masse d'un important nombre de députés néo-démocrates fut la concrétisation de la volonté de changement des Québécois, les électeurs qui ont donné leur appui au NPD ont d'abord été interpellés par le charme et la vivacité d'esprit de son chef. Le désir de changement politique est tout aussi vivant qu'il l'était à la veille du 2 mai dernier, mais tout reste à faire pour le NPD en termes de preuves. Sans vouloir être prophète de malheur, je pense qu'il est irréaliste d'envisager un retour de Jack Layton à l'automne et Nycole Turmel pourrait bien devoir faire siennes les chaussures de Jack Layton. Quant à savoir si le soulier lui ira et si l'appui des Québécois au NPD sera ébranlé par l'absence de son charismatique chef, je crois qu'il faudra attendre la rentrée parlementaire afin de déterminer si l'équipe du NPD saura relever les défis que lui a lancés la population québécoise. J'ai bien envie de laisser la chance au coureur et évidemment, de souhaiter bon courage à M. Layton.

Mélanie Dugré