La protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain, dénonce les compressions importantes dans les soins à domicile aux personnes âgées. Des sommes servent à éponger des déficits dans d'autres services ou font les frais des compressions budgétaires, au détriment de personnes vulnérables. Que pensez-vous de cette décision gouvernementale?



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Mélanie Dugré

Avocate

UNE ATTEINTE À LA DIGNITÉ

Devant l'immense défi que représente pour toute notre société le vieillissement de la population, le gouvernement prétend que les engorgements dans les hôpitaux et les centres de soins de longue durée pourront être évités en investissant justement dans les services de maintien à domicile et en permettant aux personnes âgées de demeurer dans leur milieu de vie le plus longtemps possible. Mais ce que nous dit aujourd'hui la protectrice du citoyen, c'est que ce même gouvernement reprend de la même main ce qu'il vient d'offrir en redirigeant les sommes destinés à ces services vers des usages économiques. Ces manoeuvres sont sournoises, insidieuses et elles portent atteinte à la dignité de gens qui, s'ils sont aujourd'hui âgés et vulnérables, ont néanmoins mené des vies actives et largement contribué à l'apport économique et social du Québec. Il est inacceptable que le gouvernement invoque le déficit pour refuser aux aînés des services auxquels ils ont droit. La réalité des personnes âgées a malheureusement bien changé depuis quelques décennies et pour une majorité d'entre eux, le soutien à domicile est ce qui se rapproche le plus de  ce que leurs familles ne peuvent souvent leur offrir. Il est fondamental que le gouvernement traite nos aînés avec le respect et la dignité qu'ils méritent.

Mélanie Dugré

Pierre Simard



Professeur à l'ÉNAP

SOLUTION: DES CAISSES D'ÉPARGNE SANTÉ

Certes, les soins à domicile contribuent au bien-être des personnes âgées. Ils peuvent même prolonger leur espérance de vie. Le problème, c'est qu'avec le vieillissement de la population et l'escalade des frais de santé, il est difficile d'imaginer que le gouvernement puisse subvenir encore longtemps aux besoins de tout un chacun. Que faire alors? Face à l'impossibilité d'offrir à tous les usagers des services gratuits, plusieurs économistes suggèrent de mettre en place des caisses d'épargne santé, une forme de «REER-Santé». L'idée est simple : chacun d'entre nous accumulerait tout au long de sa vie des fonds personnels, à l'abri de l'impôt, pour subvenir à ses besoins de santé futurs. Le fonds appartiendrait à l'individu et il en serait le seul bénéficiaire. Ainsi, à l'occasion d'une dépense de santé, l'individu puiserait d'abord dans ses épargnes cumulées et, advenant que son fonds s'épuise, l'État prendrait la relève avec une assurance de dernier recours.  Au lieu de continuellement se fier à l'État, pourquoi ne pas faire du citoyen le premier responsable de sa santé? Pourquoi toujours compter sur l'État pour subvenir à ses propres besoins?

Pierre Simard

Jean Bottari



Préposé aux bénéficiaires



TOUR DE PASSE-PASSE


Le constat de la protectrice du citoyen, Raymonde St-Germain concernant les sommes allouées au soutien à domicile est pour le moins alarmant. Pendant que le gouvernement Charest se targue d'investir des sommes importantes afin d'aider les personnes ayant fait le choix de vivre à domicile, Mme St-Germain nous apprend que d'importantes sommes d'argent sont détournées vers d'autres services. Une fois de plus, le gouvernement de Jean Charest se livre à un véritable tour de passe-passe sur le dos des personnes vulnérables. Faut-il rappeler que ce même gouvernement exige aussi du réseau de la santé qu'il fasse une coupe budgétaire de l'ordre de 300 millions? Malgré les dires de la ministre Courchesne, ce sacrifice budgétaire se fera lui aussi, selon moi, au détriment des services directs à la population qui est victime de perpétuelles réorganisations de ce réseau ou les cadres et les postes d'encadrement se multiplient, souvent de façon injustifiée et sans tenir compte des compressions. Plus de 800 postes au ministère de la santé, 2500 dans les agences régionales et combien de postes inutiles ou superflus dans chaque établissement de santé? C'est là que le gouvernement devrait tenter de récupérer ces 300 millions!  Ai-je besoin de rappeler encore une fois que la santé était la priorité de M Charest qui est en poste depuis 2003, lors de deux campagnes électorales? Croyez-vous les belles promesses? Moi qui contrairement aux membres de gouvernement du Québec suis sur le terrain, n'y crois plus du tout!  Ce sont encore une fois les personnes les plus vulnérables de notre société que feront les frais de l'incompétence et, oserais-je dire de l'insouciance de ce gouvernement qui nous prend pour dupes depuis bientôt neuf ans.

Paul Daniel Muller

Economiste et consultant en politiques publiques



DES ARBITRAGES DIFFICILES

Il est toujours triste quand un groupe social démuni pâtit des restrictions budgétaires. Toutefois, la situation des personnes âgées demeurant chez elles est-elle pire que celle d'autres groupes assistés par l'État, comme les malades hospitalisés, les invalides, les décrocheurs ou les pauvres? En fait, nous l'ignorons: il n'existe pas de méthode objective pour mesurer le malheur relatif des uns et des autres. Il revient alors aux dirigeants des établissements, agences, ministères, et à la fin au conseil des ministres, d'arbitrer entre une diversité de besoins, en exerçant leur jugement. Quand nous focalisons sur la situation d'un groupe donné, nous faisons abstraction des arbitrages qui ont été faits aux différents échelons de l'État. Des choix qui, peut être, ont protégé d'autres groupes sociaux encore plus vulnérables. Le rapport de la Protectrice du citoyen couvre une quinzaine de secteurs d'intervention; les services de maintien à domicile étant l'un d'entre eux. L'emphase donnée par la couverture médiatique à ce sujet ne reflète pas le poids somme toute modeste qui lui est accordé dans le rapport. C'est un choix de journaliste dans un contexte de débat sur les compressions budgétaires. Pour ces raisons, tout en étant sensible à la situation des groupes démunis, il faut se garder d'avoir le scandale facile.

Paul-Daniel Muller

Caroline Moreno



Écrivain



SACRIFICE


Il est nécessaire d'effectuer des compressions dans les services essentiels afin de financer, telle que la qualifiait Jean Charest en  octobre 2010, l'industrie de la corruption... Sacrifions la santé, l'éducation, la culture, la recherche et l'environnement au profit du crime organisé.  Serrons-nous la ceinture. Privons de soins des gens qui ont travaillé et payé des impôts une bonne partie de leur vie. Si Jean Charest avait dirigé une entreprise, il y a belle lurette qu'il aurait été remercié.