Accusé de fraude et d'abus de confiance, le député et ex-ministre Tony Tomassi devrait-il démissionner? Mériterait-il d'être destitué par l'Assemblée nationale? Ou, d'après vous, peut-il continuer de représenter sa circonscription puisqu'il est présumé innocent?



LES COMMENTAIRES DOIVENT ÊTRE SIGNÉS. MAXIMUM DE 150 MOTS.



Richard Vigneault

Consultant en communication et membre de l'Idée fédérale. 



À M. TOMASSI D'AGIR



L'avenir de M. Tomassi comme membre du caucus libéral a été scellé. Il ne fait plus partie de cette formation. On n'a pas besoin d'être devin non plus pour imaginer que son avenir comme député indépendant de sa circonscription est plutôt limité. Dans les circonstances actuelles, il devrait avoir l'élégance de sortir de son mutisme et d'informer ses commettants de  ses intentions et de faire le point sur sa situation. Nous vivons par ailleurs dans un système de droit et bien qu'il soit l'objet d'accusations, le député Tomassi a la liberté de se défendre et le privilège d'invoquer la présomption d'innocence. Les tribunaux trancheront. Ce sont les règles du jeu dans une démocratie et on ne peut les ignorer. Cela fait partie de la protection accordée à chaque citoyen contre l'arbitraire. Le député Amir Khadir, qui a la condamnation facile, devrait s'en rappeler, lui qui fait retomber sur tous les autres députés libéraux les illégalités que l'on reproche à M. Tomassi. Par ailleurs, peu importe le poids des sondages et bien qu'on lui en attribue souvent le vocable, l'opinion publique n'est pas un tribunal. Il appartient donc à M. Tomassi de prendre ses responsabilités et de réaliser que dans l'état actuel des choses, les conditions ne sont pas réunies pour qu'il puisse en toute sérénité servir la population de sa circonscription.

Pierre Curzi

Député indépendant de Borduas.



PLUS SAGE DE DÉMISSIONNER



Nous ne connaissons pas le travail de M. Tomassi pour les citoyens de sa circonscription mais nous savons qu'il a été, à toute fin pratique, absent de l'Assemblée nationale depuis son exclusion du Parti libéral. Les citoyens de sa circonscription ne sont pas représentés correctement. Il y a là un déficit démocratique. De plus, des accusations graves pèsent sur son comportement alors qu'il était ministre. M. Tomassi bénéficie de la présomption d'innocence mais il devra se concentrer sur sa défense. Dans ces circonstances, il lui est difficile de remplir adéquatement sa fonction de député et il me semble qu'il serait plus sage qu'il offre sa démission  et qu'il permette ainsi qu'un autre député élu puisse représenter les citoyens de sa circonscription.

Le Soleil, Yan Doublet

Pierre Curzi

Pierre Simard

Professeur à l'ÉNAP.



QUE DE MAUVAISES DÉCISIONS



Le métier de politicien n'est pas facile. Un élu peut être accusé à tout moment, être innocent et, malgré tout, être forcé de démissionner. Pour Tony Tomassi, dans le contexte, il n'y a que de mauvaises décisions. Il peut rester en poste en invoquant la présomption d'innocence. Il peut prétexter que la présomption d'innocence est un droit fondamental, qu'une personne est présumée innocente tant et aussi longtemps que sa culpabilité n'a pas été prouvée. Dans ce cas, on peut douter de sa capacité à remplir sa tâche d'élu dans un contexte où il devra consacrer ses énergies à préparer sa défense, plutôt qu'à représenter les électeurs de sa circonscription. L'autre option qui s'offre à lui est de démissionner. C'en sera alors fini de sa réputation et de sa carrière politique, et ce, même s'il devait être reconnu innocent plus tard. Peu importe sa décision, la pression médiatique ne s'estompera pas. L'affaire se déroule sur fond de collusion et de corruption gouvernementale. Elle pollue encore davantage le climat déjà malsain de l'action politique. Si j'étais à sa place, je démissionnerais. De toute façon, la rumeur veut qu'il ait beaucoup d'amis pour l'aider à se refaire une carrière...



Pierre Simard

Jean Bottari

Préposé aux bénéficiaires.



LIEN DE CONFIANCE ROMPU



Comme tout citoyen le député Tony Tomassi bénéficie de la présomption d'innocence. Mais justement le fait qu'il soit député fait, selon moi, toute la différence. Lors de son élection sous la bannière du PLQ, les personnes lui ayant accordé leur confiance l'ont fait en croyant en son intégrité et son honnêteté. Une fois élu, le député et alors ministre accusé de fraude et d'abus de confiance, même s'il est présumé innocent, a trahi le lien de confiance qui est nécéssaire afin de bien représenter ses commettants. M. Tomassi doit être au-dessus de tout soupçon et, visiblement, tel n'est pas le cas. Je suis, comme Tony Tomassi d'origine italienne. L'honneur et le respect font partie de nos valeurs fondamentales. Or si j'étais à sa place, je n'attendrais pas le procès ou une possible destitution. Non, je m'empresserais de tirer ma révérence dès maintenant car il me serait impossible de continuer ainsi tout en sachant que plusieurs de mes concitoyens me pointent du doigt et me jugent indigne d'être leur réprésentant à l'Assemblée nationale. De toutes façons, coupable ou innocent, M. Tomassi, en quittant ses fonctions, recevra une généreuse prime de départ, versée par vous et moi, afin qu'il puisse réorienter sa carrière. De plus, je crois que cette prime devrait servir a défrayer ses frais d'avocats lors de son procès. Par contre, si jamais il est prouvé innocent, ses frais d'avocats pourraient lui être remboursés. Le simple fait que Jean Charest ait jugé bon de démettre Tony Tomassi suite, entre autres, à l'affaire BCIA est selon moi, preuve que le lien de confiance a été rompu et qu'il ne mérite plus de porter le titre de représentant du peuple. Ses électeurs ne méritent pas d'être laissé pour compte pendant que leur député tente de rétablir sa réputation. En démocratie, ils sont en droit de s'attendre que leur député consacre tout son temps à défendre leurs droits et non les siens!

Jean Gouin

L'auteur est directeur général de la Fédération des médecins résidents du Québec. 



DÉMISSIONNEZ!



Lorsque des accusations sont portées contre vous, celles-ci ne peuvent être prises à la légère. Surtout quand il s'agit de fraude et d'abus de confiance. Justement, le maître-mot ici, c'est la confiance. La confiance des électeurs envers celui qui fut choisi pour les représenter. La confiance de ses collègues députés à l'Assemblée nationale. La confiance de ses collègues ministres au Conseil des ministres. Et enfin, la confiance du premier ministre envers celui qu'il a choisi pour le seconder. Cette confiance,Tony Tomassi l'avait perdue de ses collègues ministres pour avoir utilisé une carte de crédit qui ne lui appartenait point. Cette confiance, M. Tomassi l'a également perdue de ses collègues du caucus du Parti libéral du Québec qui l'ont exclu de leur cercle fermé. Depuis, combien de fois a-t-on vu monsieur Tomassi siéger à l'Assemblée nationale comme député indépendant? Aucune, de ce que je me souvienne. Un député sur qui pèse de si lourdes accusations devrait avoir la présence d'esprit, voire la décence de démissionner immédiatement de son poste de député. Il n'a plus la confiance nécessaire pour y demeurer. À défaut de démissionner de façon volontaire, l'Assemblée nationale devrait l'exclure de ses rangs. Pas dans six mois. Maintenant. Sinon, mon cynisme envers la classe politique ne fera que s'accroître. M. Tomassi, ces accusations sont graves. Qu'attendez-vous pour poser un geste honorable? Démissionnez!



Jean Gouin

Caroline Moreno

Écrivain



LA MOINDRE DES CHOSES



Tony Tomassi, sur lequel pèsent de lourdes accusations, a le devoir de démissionner. C'est une question de dignité mais aussi de respect envers la population. Un élu se doit d'être un modèle de vertu.  Que M. Tomassi prouve son innocence.