L'auteur est éditorialiste à La Presse. Ce texte est extrait de son plus récent livre, Perdus sans la nature - Pourquoi les jeunes ne jouent plus dehors et comment y remédier, publié par Québec Amérique. Le livre sera en librairie dès aujourd'hui.

Inexistantes au Québec, les études sociologiques menées aux États-Unis, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, entre autres, confirment l'impact de ce virage sur les habitudes des plus petits.

Dans les années 50 et 60, jouer signifiait jouer dehors. Plus maintenant, précise une analyse néerlandaise publiée en 2005 dans Children's Geographies. La chercheure Lia Karsten, de l'Amsterdam Institute for Metropolitan and International Development Studies, rappelle qu'à cette époque, cela allait de soi, vu l'exiguïté des logements et la liberté accordée aux enfants. Alors qu'aujourd'hui, pour diverses raisons allant du contrôle parental aux peurs modernes, les enfants s'amusent à l'intérieur.

Généralisation? Oui, mais une généralisation qui se confirme sur le terrain, de l'avis des éducateurs, des gestionnaires des Muséums nature de Montréal, des experts en santé publique, des biologistes, des urbanistes, etc.

«Il y a moins de contacts avec la nature et, par conséquent, moins de connaissances de la nature, confirme Yves Paris, chef de la division de la programmation du Biodôme de Montréal. Ce manque de contact a transformé nos jeunes en illettrés des éléments de la nature.» Les inscriptions chez les scouts, rare groupe basé sur l'intérêt pour la nature, en témoignent, même si l'éloignement de la nature n'est pas l'unique raison de cette désaffection. L'Association des scouts du Canada comptait 26 356 membres jeunes en 1999-2000, mais à peine 13 289 en 2008-2009, une chute de moitié.

Il résulte de l'écart grandissant qui sépare nature et enfants une méconnaissance immense des écosystèmes, même urbains. Les études montrent que les enfants peuvent appeler les Bakugan et les Pokémon par leur prénom, mais sont incapables de nommer les arbres, oiseaux et plantes qui entourent leur maison. Sauf les écureuils, peut-être.