Député indépendant de Nicolet-Yamaska, l'auteur réagit à l'opinion de l'économiste Paul Daniel Muller intitulée À quand des compromis?, publiée le 14 juillet.

Dans son texte, Paul Daniel Muller écrit sur l'endettement public. Bien que certains de ses constats soient valides, il y va au passage de deux affirmations qui sont tout simplement fausses: que le Québec vit au-dessus de ses moyens autonomes grâce à son appartenance au Canada et à la péréquation, et que le ratio d'endettement du Québec se compare à celui de la Grèce. Rectifions les faits pour démonter ces deux mythes pernicieux.

Tout d'abord, le Québec ne dépend pas de la péréquation pour se payer ses services publics. J'invite M. Muller à lire un document de 2011 produit par le ministère des Finances du Québec et qui s'intitule Le point sur les transferts fédéraux. Ce document démontre clairement que si le Québec offre davantage de services publics que ses voisins, ce n'est pas grâce à la péréquation, mais bien parce qu'il perçoit davantage d'impôts et de taxes que ses voisins.

C'est un choix que la société québécoise a fait et qui lui permet d'ailleurs d'afficher le plus bas taux de criminalité en Amérique, ainsi qu'une plus grande équité sociale que chez nos voisins. Cette paix sociale vaut son pesant d'or, mais n'est pratiquement jamais prise en compte dans les classements de richesse relative dont nous gavent les think tanks néolibéraux (et qui sont malheureusement repris pour pousser les programmes économiques de certaines formations politiques fédéralistes comme le Parti libéral du Québec, l'ADQ et la coalition de François Legault).

Un faux argument de dépendance sert incidemment ces groupes fédéralistes en ce qu'il fait croire aux Québécois qu'ils ne seraient pas aussi riches sans la «charité» du Canada. La réalité est que si les Québécois récupéraient les milliards de dollars qu'ils engloutissent annuellement dans les dédoublements de ministères provinciaux et fédéraux, dans des programmes fédéraux dont ils ne veulent pas et dans les empiètements inefficaces du fédéral au Québec, et surtout si tous ces impôts et taxes qu'ils envoient à Ottawa étaient plutôt concentrés sur le développement de leur propre économie, la fameuse péréquation canadienne s'avérerait rapidement bien stérile.

Quant à la prétention totalement loufoque de certains «économistes» à l'effet que le Québec et la Grèce feraient face au même péril fiscal, il faut cesser de dire n'importe quoi. Le Québec n'est pas plus endetté que la moyenne des pays de l'OCDE, le regroupement des pays riches et développés, alors que la Grèce est en faillite technique.

Les marchés obligataires, qui sont le meilleur baromètre de la santé financière des gouvernements à travers les prix auxquels ces derniers peuvent emprunter, n'indiquent aucune inquiétude en ce qui a trait au Québec. On exige actuellement de notre gouvernement un taux d'environ 4% pour lui prêter sur 10 ans. Il en va tout autrement de la Grèce, dont les prix d'emprunt sur 10 ans approchent les 20%, et dont la courbe des rendements est inversée avec un taux de deux ans à plus de 30%, ce qui reflète fidèlement sa situation fiscale désespérée.

Oui, la gestion actuelle des finances publiques au Québec est déficiente et doit être corrigée au plus vite. Mais sombrer dans l'exagération pessimiste et en faisant des liens avec la tragédie grecque qui font en sorte de limiter l'enthousiasme des Québécois pour le projet national, c'est faire usage de malhonnêteté intellectuelle.

Deux référendums ont été perdus parce qu'on a fait peur aux Québécois avec des arguments économiques bancals, voire carrément faux. Il est temps que cesse le mensonge.