Dans les dernières semaines, les sages-femmes et les maisons de naissance ont défrayé la manchette. Certains médias clamaient une pénurie de sages-femmes. Il y a aussi l'histoire de ces parents de Côte-des-Neiges qui, cinq mois après la naissance de leur fille, n'ont toujours pas de certificat de naissance parce que l'accouchement a eu lieu à domicile.

Et il y a moi. Moi et 13 autres femmes en Montérégie qui nous sommes vu refuser le droit d'accoucher à domicile pour une question de code postal.

Le gouvernement a mis en place plusieurs excellentes mesures pour encourager les naissances au Québec. J'applaudis! Malheureusement, on ne semble pas avoir prévu l'autre bout de la ligne: la naissance elle-même.

Chacun sait que notre système de santé est saturé. Alors que des centaines, voire des milliers de femmes souhaitent justement en sortir, on les force trop souvent à y recourir.

Dans le programme de périnatalité 2008-2018 du ministère de la Santé, on prévoyait l'ouverture de 13 nouvelles maisons de naissance. À ce jour, aucune n'a vu le jour. Des régions avec une densité de population importante comme la Montérégie et Laval n'en ont toujours aucune.

Alors que des dizaines de femmes accouchent tous les jours sans jamais avoir eu de suivi, alors que les besoins son si criants, le processus pour ouvrir les maisons de naissance est beaucoup trop long et complexe. On ne manque pas de sages-femmes; on manque de lieux pour qu'elles pratiquent. Les sages-femmes récemment diplômées ou qui le seront sous peu ont peu de perspectives d'emploi.

Des personnes mal informées arguent qu'il en va de la sécurité des mères et des bébés. Que seuls les hôpitaux sont réellement sécuritaires. Hors, les statistiques démontrent que les hôpitaux, les maisons de naissance et le domicile ont tous les même pourcentage de risques.

Les sages-femmes ont un baccalauréat en «grossesses et accouchements». On parle même d'en faire un doctorat. Elles sont parfaitement bien formées pour détecter les problèmes tôt dans la grossesse et traiter la majorité des urgences au moment de l'accouchement. Il est malheureux que pour la majorité des femmes, aucun choix ne soit disponible, alors que la loi est claire: nous avons le droit d'accoucher à l'endroit de notre choix, avec le professionnel de notre choix.

Oui, 98% des accouchements se font à l'hôpital. Les 2% des femmes qui n'y accouchent pas ne sont pas des excentriques. Il faut plutôt se demander quel serait le pourcentage de femmes qui choisiraient une autre option si le service leur était offert.

À 34 semaines, je continue de me battre pour mon droit d'accoucher à domicile. Des millions de femmes ont fait ce geste naturel avant moi. Comment en sommes-nous arrivés à ce qu'un geste aussi naturel soit aussi compliqué?