Trop souvent, lorsqu'on parle d'un sujet comme l'incompétence de certains enseignants, on n'accorde pas assez d'attention aux principaux intéressés: les élèves.

Nous sommes trop jeunes, dit-on, nos opinions sont biaisées par les bouleversements hormonaux et notre manque de jugement rend notre argumentation trop sentimentale. Pour être tout frais sorti d'une école secondaire publique, je peux témoigner de ce manque d'écoute lorsque nous souhaitons faire entendre nos plaintes face à des enseignants qui ne nous satisfont pas.

Même dans une école dite renommée, j'ai eu, lors de mes cinq années de secondaire, des enseignants manquant sérieusement de discipline de travail. Grâce à mon environnement, j'ai tout de même su compléter mon cursus avec succès. Malheureusement, tous n'ont pas la chance d'avoir du soutien et de l'encouragement comme j'en ai eu. Les répercussions sur la vie de ces élèves peuvent alors être dramatiques. Certains abandonnent l'école, faute d'intérêt; d'autres recommencent leur année; d'autres, qui avaient d'ambitieux plans de carrière, voient leurs perspectives changer.

Des enseignants incompétents, j'en ai eu de toutes sortes.

Certains ont leur nez collé dans le manuel d'enseignement et se contentent de donner des exercices dans ce dernier. Pas d'improvisation. Pas de spontanéité. Beaucoup d'ennui.

D'autres sont paresseux et l'avouent eux-mêmes. J'ai même eu un professeur qui, parmi tous les travaux qu'il nous a donnés durant l'année scolaire, n'en a corrigé et remis qu'un seul! Comment voulez-vous que l'élève soit en mesure d'apprendre de ses erreurs et d'en tirer des leçons alors qu'il ne reçoit pas le fruit de ses travaux?

Il y en a même qui n'enseignent pas la matière lors des heures de cours. Ils parlent de leur vie, de leur chien, de leurs conflits avec la direction, des actions syndicales entreprises contre cette dernière. Bien sûr, cela fait le bonheur des élèves, sauf le jour de l'examen, où les taux d'échec sont astronomiques. Pour ne pas se faire questionner par la direction, l'enseignant donne alors aux élèves un petit travail qu'il corrige gentiment et hop!, la moyenne de la classe augmente de 20%. Tout le monde est heureux.

Là où la situation devient alarmante, c'est lorsque les quelques élèves qui souhaitent se plaindre ne savent pas où aller. Personne ne les informe des ressources dont ils disposent. Cela est sans compter la peur de représailles des enseignants qui, après tout, déterminent la note de ces élèves.

J'ai moi-même essayé de prendre contact avec la direction de mon école à ce sujet, mais j'ai vite compris qu'elle n'était pas la seule à la tête du bateau. La force du syndicat des enseignants la contraint bien souvent à nuancer ses positions. Bien entendu, les syndicats ont grandement contribué à l'amélioration des conditions de travail de la population, mais maintenant, ils usent parfois de leur pouvoir à mauvais escient. Maintenant, imaginez-vous, entre le syndicat, la direction, les conseils d'établissement et les marées d'élèves, ce que représente la voix d'un jeune qui cherche à dénoncer ce qu'il juge inacceptable? Rien.

S'il y a des enseignants incompétents, il y en a aussi des exceptionnels. Si j'en ai eu des paresseux, j'en ai eu des passionnés qui m'ont inspiré et donné le goût d'étudier. J'en ai eu des disponibles, qui nous incitaient à venir les questionner. J'en ai eu des travaillants qui se dévouent corps et âme à la réussite de leurs élèves. Ils accomplissent des miracles dans les écoles du Québec.

Toutes sortes de mesures pourraient rehausser les critères et améliorer le système d'éducation québécois. Ce pourrait être un mécanisme de plaintes accessible aux élèves, un système d'évaluation des enseignants, un système d'inspection des cours...

Bref, les options ne manquent pas. Ce n'est que la volonté qui fait défaut.