Depuis quelques années, le débat entourant le rôle ou la légitimité des commissions scolaires au Québec fait partie des sujets d'actualité. La commission scolaire des Chênes n'échappe pas à cette réalité.

Comme bien d'autres, j'entends les arguments de ceux qui prônent l'abolition pure et simple des commissions scolaires. Le récent arrêt, à Drummondville, de la tournée de M. François Legault et de sa Coalition pour l'avenir du Québec nous a fourni un exemple (parmi d'autres) des opinions émises par ceux qui souhaitent nous voir disparaître.

Il fallait assister à cette rencontre (j'y étais en compagnie de collègues commissaires) pour comprendre que lorsqu'il est question des commissions scolaires, M. Legault et ses partisans ne donnent pas dans la nuance et, encore moins, dans le concret et la vérité.

Dans le débat actuel, leur vision semble bien simple : on abat tout simplement une structure, on économise... sans trop de considération pour les personnes qui, pourtant, devraient être les plus importantes : les élèves et, j'ajouterai, toutes ceux qui les supportent au quotidien (le personnel des écoles, centres et services).

C'est malheureusement ce qu'une partie de la population semble retenir dans le contexte actuel, à savoir les notions de suppression, compression, structure, bureaucratie, dégraissage, etc.  Il faut aller au-delà des fausses prétentions et placer les éléments dans leur juste perspective... point par point !

Sur la réussite des élèves à la commission scolaire des Chênes. Le taux de réussite obtenu aux examens ministériels de juin 2010 a résulté des efforts conjugués des enseignants et du personnel des services éducatifs, dans leur volonté de supporter ceux des élèves. Ce taux de réussite (93% en français et 97% en langue seconde) est la preuve que les stratégies et actions déployées portent des fruits. À cela, M. Legault (lors de son passage en nos murs) s'est borné à clamer que notre commission scolaire affiche un taux de décrochage important et que celui-ci n'avait pas chuté au Québec depuis 20 ans. Voilà une façon trop facile (voire électoraliste et partisane) de voir les choses.

Si l'entourage de François Legault m'avait permis de le faire (ce qui ne fut malheureusement pas le cas), j'aurais respectueusement rappelé M. Legault à l'ordre. Je lui aurais démontré, ainsi qu'à l'auditoire présent, que depuis 2005, le taux de décrochage, en particulier chez les garçons, a chuté de près de 9%.

Ce taux sera toujours, s'il n'en tient qu'à nous, trop élevé. Mais nous osons tout de même prétendre que nous progressons, par respect pour le travail de notre personnel et  le support  qui nous vient de partenaires comme la Caisse Desjardins de Drummondville et la Chaîne  de réussite, mise en place par la Table régionale de l'éducation du Centre-du-Québec.

Sur les commissaires. Ils représentent  les milieux urbains ou ruraux avec leurs particularités socio-économiques et culturelles, qui influencent les familles et les élèves. Leur engagement dans le domaine de l'éducation a souvent débuté avec l'entrée à la maternelle de leurs enfants. Cette implication et leur connaissance du milieu constituent un apport précieux dans l'élaboration du plan stratégique et de  la convention de partenariat de la commission scolaire, en lien avec les plans de réussite des écoles.

Sur la mission d'une commission scolaire. Elle comprend l'instruction et la socialisation des élèves, mais également la responsabilité de répondre aux besoins de la communauté.  C'est pourquoi la provenance professionnelle diversifiée de ses dirigeants politiques et de ses gestionnaires aide à mieux saisir les besoins en formation professionnelle, en matière de services aux entreprises et d'éducation des adultes, afin d'y répondre adéquatement. La proximité est un facteur non négligeable. Posons-nous la question : est-ce que des bureaux régionaux englobant cinq commissions scolaires et couvrant un territoire s'échelonnant de La Tuque à Drummondville desserviraient mieux nos concitoyens ?

Sur l'évaluation du personnel enseignant et une reconnaissance salariale liée  à la performance des  élèves. Est-ce là une garantie de réussite plus grand? Bien des facteurs entrent en jeu: le handicap d'un enfant ou les problématiques liées au comportement, les milieux familiaux, sociaux et culturels particuliers... Une augmentation salariale (liée à la performance) est-elle source d'une motivation accrue et  d'un plus grand engagement? Nous en doutons. Il nous apparaît  qu'un  support parental respectueux, une reconnaissance sincère du travail accompli et une valorisation de la profession enseignante sont davantage susceptibles d'engendrer la performance souhaitée.

Sur l'équité dans la répartition des ressources humaines et  éducatives. Une réponse adéquate aux besoins professionnels, pédagogiques, matériels et techniques, de même qu'une assistance informatique de pointe  aux établissements constituent des défis permanents, tenant compte  de  la disparité des milieux scolaires et des restrictions budgétaires. La disparition des commissions scolaires et de ces différents services, qualifiés à tort de «bureaucratiques» va inévitablement mener au constat suivant: il faudra les faire renaître (sous une autre forme) pour être à même de desservir adéquatement  les écoles, avec leurs besoins spécifiques, à un coût qui, pour le moment, est inconnu. On aura beau le nier, mais il n'en demeure pas moins que, présentement, le système public québécois affiche un coût de gestion de 5%, soit le plus bas d'une administration publique efficace.

Vouloir accroître la performance des services publics est un objectif louable. Cela dit, est-il nécessaire de démanteler le système public québécois et de faire de tous ceux qui y oeuvrent (avec coeur et un dévouement irréprochable) les ennemis à abattre?

À l'heure actuelle, les résultats obtenus placent le système québécois au 5e rang mondial et au premier échelon dans la francophonie.

Mais ça, voyez-vous, M. Legault et les autres «abolitionnistes» ne veulent pas l'entendre... et encore moins le dire.