Depuis 2007, la scène financière nous a habitués à son lot de psychodrames alors que se sont succédé la crise des hypothèques à risque, la faillite de Lehman Brothers, la grande récession américaine ainsi que l'infatigable tragédie euro-grecque.

Certes, l'éclatement de la bulle techno (2000), la crise asiatique (1997), la faillite du fonds de couverture LTCM (1998), la guerre du Golfe (1991), le krach de 1987 et la remontée-choc des taux d'intérêt du début des années 80 ont été tout aussi marquants, mais ces événements se sont échelonnés sur deux décennies, pas sur quatre ans!

Au-delà de leur effet néfaste sur l'activité économique réelle (baisse de production, hausse du chômage), la capacité à absorber ces chocs, et surtout à appliquer les remèdes adéquats, dépend du niveau de confiance des intervenants. L'actuel krach de confiance fragilise malheureusement le processus de résolution des imbroglios financiers aux États-Unis et en Europe et nourrit la volatilité sur les marchés financiers.

Sur le fond, ces crises à répétition sont la conséquence d'une croissance démesurée du crédit, laquelle a atteint son apogée au tournant du nouveau millénaire. Sur la forme, ces chocs sont également venus bousculer les préceptes qui guident les décisions de politiques publiques et monétaires depuis plus d'une génération. Il semble d'ailleurs utopique de tenter de régler les problèmes de surendettement en utilisant un mode d'emploi qui est à la source du problème, attisant le cynisme des investisseurs et l'immobilisme chez les politiciens. Tant aux États-Unis qu'en Europe, les suffrages prévus pour 2012-2013 briment le climat de confiance alors que les décideurs tentent de rallier logique économique et réélection.

L'effondrement de la confiance et ses implications contrastent aussi avec les assises qui ont supporté l'économie et les marchés financiers depuis 30 ans. Les années 80 et 90 ont été le théâtre du plus important marché boursier haussier de l'histoire moderne alors que croissance économique quasi ininterrompue, baisse des taux d'intérêt et démographie favorable ont fait exploser l'appétit pour le risque. Au sommet de 2000, l'indice phare du S&P500 se négociait à plus de 30 fois les profits pendant que l'once d'or vacillait sous le 300$US et qu'il en coûtait 125 000 dollars pour acheter une maison à Montréal. Aujourd'hui, les évaluations du S&P500 sont au bas de leur fourchette historique (ratio de 10 fois), l'or brille à 1700$US et le prix de revente moyen à Montréal dépasse les 350 000 dollars. Qui plus est, le contexte démographique supporte moins l'affluence de fonds vers le marché boursier.

Sur les marchés, le capital de confiance a donc migré. De plus, volatilité extrême et rendements négatifs ont profondément modifié les préférences des investisseurs. La composition des portefeuilles est d'ailleurs beaucoup plus conservatrice aujourd'hui qu'à la fin des années 90. Le niveau de confiance du marché peut toutefois s'avérer un redoutable indicateur retardataire et les investisseurs patients pourraient profiter d'un revirement favorable aux actions dans les cinq à 10 prochaines années. À plus court terme, les indices risquent de poursuivre dans un corridor volatile alors que les conditions macroéconomiques des pays développés restent chancelantes.

L'histoire nous démontre que l'avènement de chocs financiers n'est pas hors du commun. De 1857 à 2009, l'économie américaine a traversé 33 récessions. La Bourse a connu 15 marchés baissiers depuis 1929. Ce qui est hors norme, c'est d'assister à une série de chocs en si peu de temps, surtout lorsque la période 1980-2007 représente le point de référence de la majorité. Depuis le XVIIIe siècle, les courants mathématique et social tentent d'expliquer le fonctionnement optimal de l'économie. L'actuel krach de confiance démontre à quel point le «mental» doit collaborer pour que les ajustements s'exercent.