Le consommateur n'a aucun contrôle sur la provenance de l'essence.

Les enjeux du pétrole sont toujours très actuels. Même les artistes s'y intéressent, comme le photographe canadien Edward Burtynsky, dont les oeuvres sont exposées cet automne au musée McCord. Celui-ci a parcouru le monde pour capturer l'effet de l'exploitation pétrolière sur nos vies, les paysages et l'environnement.

Le sujet a pris une toute nouvelle tournure récemment avec le débat sur le caractère éthique ou non de son extraction, et aussi parce que la perspective de l'exploiter au Québec se rapproche de plus en plus. On parle de gisements prometteurs en Gaspésie, sur l'île d'Anticosti et dans le golfe du Saint-Laurent.

L'éthique est aussi un sujet très actuel. Ce concept renvoie à la morale, ou plus simplement à ce qui est bien ou mal. Vaut-il mieux le pétrole issu des sables bitumineux albertains ou celui plus conventionnel qui provient du Moyen-Orient? Et qu'en serait-il du pétrole québécois? Lequel est le plus éthique?

Question fort complexe, direz-vous. Mais heureusement, pour plusieurs raisons, il s'agit d'un faux débat. Notamment parce qu'à ce jour, peu importe la station d'essence qu'il choisit, le consommateur n'a aucun contrôle sur la provenance du pétrole. On peut choisir entre des fraises du Québec ou de la Californie au supermarché, mais impossible de faire un choix éthique à la pompe.

La vraie question éthique dont on ne parle pas assez dans tout le «bruit» ambiant, concerne plutôt la vitesse folle à laquelle cette ressource est consommée. Car en plus des impacts sociaux et environnementaux générés localement par l'extraction du pétrole, son usage et sa consommation affectent de manière significative la santé publique et elle contribue massivement aux changements climatiques.

De plus, il s'agit d'une ressource non renouvelable qui s'épuise rapidement, et son tarissement progressif entraînera nécessairement des inconvénients et des bouleversements sociaux et économiques. Dans cette perspective, il apparaît contraire à toute morale de favoriser le développement de notre économie sur l'exploitation d'une ressource aussi précieuse, à un rythme aussi effréné.

Si un pétrole éthique existe, n'est-ce pas celui que l'on doit garder en terre le plus longtemps possible et n'extraire que pour les usages essentiels, avec la plus grande précaution? Car, oui, aujourd'hui, l'humanité gaspille le pétrole alors que des alternatives valables existent dans de nombreux domaine.

Une stratégie de réduction de la dépendance au pétrole prendrait tout son sens ici, puisque le Québec dispose des atouts nécessaires pour assumer un leadership international dans ce domaine, notamment grâce aux opportunités considérables qu'on y trouve en matière d'économie d'énergie, d'efficacité énergétique et de ressources énergétiques renouvelables.

Plusieurs initiatives québécoises inspirantes voient d'ailleurs le jour dans les différentes régions du Québec. Avec les projets de chaufferies à la biomasse, de taxi collectif, de véhicules électriques ou d'écoquartiers, pour ne nommer que ceux-là, il y a lieu d'imaginer une stratégie qui pourrait propulser le Québec et toutes les régions vers une transition énergétique gagnante.