Les élèves ont besoin de services, pas de tableaux interactifs qui vont «boguer»

Une autre journée commence dans une école secondaire de la région de St-Hyacinthe. Comme à l'habitude, je vais à la salle des enseignants pour saluer mes collègues lève-tôt (il est 7h45 et les cours débutent à 9h). Je rencontre une collègue qui est dans tous ses états. Elle tente d'imprimer un travail sur lequel ses élèves travailleront à 9h. Plusieurs personnes diront qu'elle est en retard, mais quand vous avez trois matières différentes à enseigner sur trois niveaux avec huit groupes d'élèves dans six locaux différents, il arrive qu'une jeune enseignante soit un peu en retard!

Je commence à lui donner un coup de main mais l'imprimante ne veut rien savoir. Je calme ma collègue qui commence à se tourner vers un plan B. Je lui dis de m'envoyer un courriel et que je vais faire imprimer le travail sur une autre imprimante de l'école par mon ordinateur personnel.

Malheur, l'autre imprimante a été changée et je n'ai plus les autorisations pour utiliser la nouvelle. La raison: les techniciens informatiques de la commission scolaire sont débordés et ne peuvent plus installer les programmes sur les ordinateurs personnels des enseignantes et enseignants. Donc, je me rends au local d'informatique, la configuration des ordinateurs a changé depuis deux semaines et je ne sais plus comment avoir accès au poste informatique. Je trouve la solution, je mets en marche l'ordinateur. Enfin, 15 minutes plus tard, j'ai été capable d'imprimer le travail pour ma collègue.

Je comprends pourquoi maintenant aucun enseignant n'utilise ce local. Imaginez, 15 minutes pour mettre en marche des ordinateurs quand vous avez 31 élèves qui attendent pour les utiliser!) Il est 8h55. Il me reste à faire photocopier les feuilles et les apporter à son local. Heureusement ce matin, je n'enseignais pas à la première période, j'ai pu dépanner ma collègue.

Cette petite histoire est un préambule pour vous expliquer à quel point les «bonnes idées» de notre premier ministre Jean Charest peuvent devenir des casse-tête incroyables lorsqu'on tente de les mettre en application. Ce n'est certainement pas la solution aux problèmes que nous avons en éducation.

Cette «bonne idée», c'est que chaque classe soit munie d'un ordinateur et d'un tableau interactif. Présentement, nous avons de la difficulté à faire imprimer quelques pages parce que les techniciens sont débordés par la demande. Combien de temps devrons-nous attendre avant de faire «déboguer» un tableau interactif dans notre classe? Parce que des bogues, il y en aura.

Pensez-vous vraiment que les commissions scolaires vont acheter des tableaux superpuissants? En plus, pensez-vous vraiment que ma collègue, avec la tâche que je vous ai énuméré plus haut, prendra le temps de monter ses cours sur un support qui ne sera pas présent dans toutes les classes avant quelques années et qui peut la lâcher à tout moment? Pourquoi, au lieu de faire de nouvelles dépenses, le gouvernement ne met-il pas d'argent dans l'actualisation et la mise à niveau de tout son inventaire informatique?

Au lieu de jeter de la poudre aux yeux à l'opinion publique, pourquoi M. Charest n'écoute-t-il pas le milieu? Depuis plusieurs années, nous lui disons que nous devons avoir plus de services pour l'élève. Que si un élève dyslexique est diagnostiqué tôt dans son cheminement, il ne traînera pas cette particularité comme un boulet pendant toute sa vie scolaire.

J'ai l'impression que le calcul qu'il fait c'est que d'ajouter du personnel, c'est une dépense récurrente mais que du matériel informatique c'en est pas une. Je viens de démontrer très clairement qu'il faut s'occuper de l'informatique autant, sinon plus que du personnel.

Au lieu de s'occuper des vrais problèmes, le gouvernement en cause d'autres!