Il est consternant d'assister au concert de désapprobations auquel se livrent les députés de l'Assemblée nationale contre les propos qu'a tenus le député péquiste Claude Pinard cette semaine. M. Pinard a fait le simple constat qu'il s'agissait d'un handicap pour une chef de parti d'être une femme. Ce faisant, il a appris à ses dépens, qu'en politique, toute vérité n'est pas bonne à dire.

Alors qu'à peine 29% des députés à l'Assemblée nationale sont des femmes, qu'aucune femme n'a occupé le poste de premier ministre et que Pauline Marois est la première femme à diriger un parti politique d'importance au Québec, il s'en trouve encore à dire que tout va bien dans le meilleur des mondes. La situation des femmes en politique fait évidemment des progrès énormes dans les dernières décennies, mais conclure que l'égalité est bel et bien atteinte participe au jeu de l'autruche.

À toute époque, il s'est trouvé des personnes pour minimiser le problème d'égalité entre les sexes. En 1962, lors de la réélection de Claire Kirkland-Casgrain, première femme à être éluée à l'Assemblée nationale, le journaliste Wilfrid Lemoine avait eu la condescendance de lui demander, sans rire, s'il n'était pas plus facile pour une femme de se faire élire comme députée! Les 169 ans d'histoire démocratique québécoise, marquée par une domination exclusive des hommes, n'était peut-être pour lui qu'un hasard!

On peut le constater dans les médias, les femmes en politique sont souvent victimes d'un double standard. De l'habillement de Pauline Marois à la vie amoureuse de l'ex-ministre Nathalie Normandeau, les femmes doivent constamment montrer patte blanche, alors que les hommes, eux, ne sont pas inquiétés par ces préoccupations. Les problèmes actuels de leadership de Pauline Marois relèvent d'une foule de facteurs. Mais il est désolant de voir nos élus banaliser celui du traitement des femmes en politique.

Jamais personne ne devrait choisir son parti en fonction du sexe du chef. Est-ce que cela veut dire que cette réalité n'existe pas? Pas du tout. Faire comme nos parlementaires et nier un problème qui existe depuis quelques siècles, c'est la pire des attitudes. C'est répéter les mantras de la rectitude politique pour éviter de discuter d'une question fondamentale. Comme si à force de nier l'existence d'un problème, celui-ci allait disparaître soudainement. Ce n'est pas de cette façon que la place des femmes en politique avancera.