En décembre 2008, le premier ministre Jean Charest forçait la tenue d'élections parce que, soi-disant ligoté par sa situation de chef d'un gouvernement minoritaire, il voulait avoir «les deux mains sur le volant». Plus de 15 mois après avoir été réélu à la tête d'un gouvernement majoritaire, force est de constater que M. Charest s'est endormi au volant et qu'il a perdu le contrôle du véhicule.

Ces derniers mois, M. Charest se comporte comme Louis XVI (destitué par l'Assemblée nationale française en 1792), qui n'avait qu'une vague connaissance de ce qui se passait dans son royaume (il dormait comme un loir quand les citoyens de Paris ont pris la Bastille) et qui était impropre à gouverner. Velléitaire, impuissant à se comporter en leader de la nation, frileux quand il faudrait agir mais tonitruant pour blâmer ou dénigrer ses adversaires politiques. Entouré de ministres auxquels il est incapable de donner le «la» et qu'il livre en pâture à l'opinion publique. Inhabile à sentir le pouls de la population, réagissant par à-coups, inapte à endosser et à faire accepter aux contribuables les réformes qui s'imposent. Sourd aux conseils des sages qu'il a lui-même recrutés pour le guider, retranché dans ses quartiers derrière sa police. Manifestement peu intéressé par les affaires de l'État mais passionné par ses dadas: le libre-échange avec l'Europe ou le TGV pour Charest, contre la serrurerie et la chasse pour Louis XVI.

La façon dont Jean Charest gouverne le Québec est non seulement dommageable pour le tissu social et pour l'image que les citoyens ont du monde politique, mais elle mène la province vers l'enlisement, sinon vers le fossé.

Je soumets un florilège de raisons pour lesquelles Jean Charest devrait démissionner de son poste de premier ministre ou même déclencher de nouvelles élections le plus tôt possible:

- son entêtement, malgré la clameur qui monte de partout, à refuser de tenir une commission d'enquête sur l'industrie de la construction, qui laisse croire non seulement que son propre parti est gangrené, mais que la classe politique dans son ensemble est corrompue;

- son incapacité à définir clairement comment l'État québécois et ses composantes doivent se comporter dans le dossier des accommodements raisonnables et son impuissance à faire respecter le principe de la séparation de l'Église et de l'État, tout en laissant le ministre Tomassi s'autodétruire à force de pirouettes et de contorsions;

- son inaptitude à définir des orientations claires en matière de finances publiques et à adopter les des propositions novatrices qu'on lui soumet, dans son désir utopique de ménager la chèvre des services publics aussi bien que le chou des taxes et des impôts, et dans sa volonté flasque de mécontenter le moins d'électeurs possible tout en n'en satisfaisant aucun;

- sa gestion timorée, à la pièce, sans vision d'ensemble ni projet, et encore moins d'audace, mais avec des priorités farfelues (la procréation assistée!), du secteur de la santé, dont il avait pourtant fait son premier engagement électoral en 2003, et son attitude à la Ponce Pilate, qui laisse le ministre Bolduc agoniser sous les coups de boutoir de l'opposition et des journalistes;

- et enfin, son indulgence troublante face aux membres de sa députation soupçonnés de manquements à l'éthique, les D'Amour, Whissell et autres Tomassi.

Chacune de ces raisons est accablante à elle seule. Mises en commun, elles produisent un vacarme assourdissant dont on peut néanmoins extraire un message: «Si vous n'êtes pas en mesure de gouverner ou que vous vous refusez à le faire, laissez la place à un autre conducteur. Assez de tergiversations et de manoeuvres dilatoires!»

Je réclame la démission, sans sursis.