Dans La Presse du 22 juillet 2011, on fait état des statistiques sur la criminalité au Canada. Depuis plus de 20 ans, le Canada connaît une diminution de la criminalité. De plus, la grande majorité des crimes sont non violents.

Alors que le taux de criminalité diminue aussi chez les jeunes, le gouvernement Harper s'apprête à modifier la Loi sur le système de justice pénale pour adolescents (LSJPA) dans le but de durcir davantage les peines qu'on leur impose.

Malgré les appels répétés des experts en matière de délinquance des mineurs prônant la réadaptation plutôt que la répression, le gouvernement Harper persiste à vouloir se doter d'outils législatifs puissants afin de punir  davantage les adolescents sans distinction de leurs besoins et des facteurs reliés à la commission de  leur délit et par conséquent, le risque de récidive qu'ils peuvent présenter.

Pour la majorité des adolescents, la commission d'un délit revêt donc un caractère de défiance de la règle, défiance qui s'inscrit dans le processus d'intégration des normes sociales. On dit généralement que les adolescents font l'apprentissage des règles sociales, souvent «en testant» les limites de celles-ci. Ceux-ci présentent généralement peu de risque de récidive et des mesures de réparation envers les victimes ou la société suffisent à les conscientiser  aux torts qu'ils ont commis et permet d'éviter la récidive.

Par ailleurs, pour un nombre limité d'adolescents, les actes délictueux sont le résultat de déficits importants au plan de leur personnalité et ceux-ci peuvent adopter une conduite délictueuse comme mode de réaction sociale, comme mode de vie.  Nous croyons que des mesures de réadaptation ciblées sur les déficits et les causes du comportement délinquant qu'ils présentent sont plus susceptibles de modifier les comportements et permettre d'assurer la protection du public.

Les  futures mesures proposées par le gouvernement fédéral iront à l'encontre de toutes les approches et les pratiques développées au Québec au fil des ans. Pendant que plusieurs pays viennent s'enquérir de la façon de réadapter les jeunes adolescents au Québec, le gouvernement Harper continue de faire cavalier seul, ne reconnaissant pas  les avancées et les résultats dans  ce domaine.

Nous considérons que la mise en place de mesures prévention et de réadaptation sont  plus susceptibles d'assurer la protection du public que toute mesure répressive coûteuse et sans réel effet.

Depuis 1908, le Canada a toujours prôné la réadaptation et la réinsertion sociale des adolescents contrevenants afin d'assurer la protection durable du public alors que le gouvernement s'apprête à le reléguer au second rang.

Sensibles et empathiques à l'égard des victimes, l'Association des centres jeunesse du Québec et les directeurs  provinciaux affirment que le gouvernement fait fausse route de prétendre que la protection de la société sera davantage assurée par la mise en place de mesures plus coercitives.

En somme, il y a fortement lieu de s'inquiéter des effets à long terme des changements mis de l'avant par le gouvernement. La perte de la protection de l'identité de l'adolescent, les peines exemplaires basées sur la dénonciation et la dissuasion s'éloignent totalement du modèle de réadaptation au Québec et des besoins spécifiques dont les jeunes ont besoin. La population n'en sera pas mieux protégée.