M. Égide Royer, professeur en adaptation scolaire, est de toutes les tribunes lorsqu'il est question de décrochage scolaire. Il déclarait, il y a quelques jours, que le système scolaire ne tient pas suffisamment compte des difficultés des garçons. Il a tort.    

La meilleure preuve est l'implantation de la réforme scolaire. Cette dernière a obligé les enseignants à se convertir à la pédagogie par projets dans le but, justement, de contrer le décrochage des garçons. De plus, l'offre de programmes sports-études ne cesse de croître afin de rendre l'école plus attrayante, particulièrement pour les garçons.

En affirmant que les garçons représentent la majorité des élèves en difficulté, M. Royer laisse entendre que l'ensemble des garçons réussit moins bien que les filles à l'école, ce qui est faux. Ce mythe, largement répandu par les médias, est clairement démenti par M. Jean-Claude St-Amant, chercheur au Centre de recherche et d'intervention sur la réussite scolaire (CRIRES).

Dans son livre Les garçons et l'école, il réfute catégoriquement cette idée à l'aide d'études sérieuses appuyées de statistiques. «La seule matière où l'on retrouve un retard des garçons par rapport aux filles est la langue d'enseignement (lecture et écriture). Et cela n'est pas unique au Québec puisque le même phénomène est constaté dans l'ensemble des pays industrialisés», explique le chercheur.

Ses études démontrent que les garçons qui éprouvent les plus sérieuses difficultés sont ceux issus de milieux socioéconomiques défavorisés, vivant dans un foyer d'où le père est absent et dont la mère est peu scolarisée. Si on exclut des statistiques les résultats des garçons répondant à ces trois critères, il n'y a pas de différences notables entre les garçons et les filles. Il serait temps de le dire haut et fort avant que nos garçons ne développent un complexe d'infériorité.

M. Royer propose que soient mises en place des mesures de discrimination positive pour augmenter la présence d'enseignants masculins. Soit! Encore faudrait-il qu'il y ait des candidats! Si la profession d'enseignant au primaire et au secondaire intéresse si peu les hommes, c'est que les conditions de travail y sont extrêmement difficiles et que le salaire ne devient intéressant qu'après une dizaine d'années.

Par ailleurs, prétendre que les garçons réussiraient mieux avec des enseignants masculins, c'est faire porter injustement le blâme aux enseignantes qui ont choisi de relever le défi d'enseigner et d'éduquer.

Certes, le garçon a besoin de modèles masculins, mais l'école n'a pas à pallier aux lacunes engendrées par le désengagement parental. Pas plus qu'il n'est de son ressort de lutter contre la sédentarité de nos jeunes. Il revient aux parents d'assumer ces rôles.

L'ensemble des garçons fonctionne plutôt bien à l'école. Qu'on laisse les enseignants enseigner. Qu'on cesse d'exiger d'eux qu'ils changent leurs pratiques tous les cinq ans. Qu'on cesse de vouloir «adapter» l'école une énième fois. Qu'on agisse en fonction des intérêts de la majorité et qu'on revienne aux classes d'adaptation scolaire pour les élèves qui éprouvent des difficultés particulières. Et surtout, qu'on cesse de démotiver nos garçons en véhiculant l'idée qu'ils réussissent moins bien que les filles!