Dans l'extrait de son livre Perdus sans la nature publié mercredi dernier, François Cardinal souligne à quel point le mode de vie occidental a éloigné les enfants de la nature, les incitant à passer leurs temps libres à l'intérieur, trop souvent à regarder la télé ou devant l'ordinateur et les jeux vidéos.        

Il est pourtant prouvé que la proximité de la nature, ne serait-ce que par les espaces verts urbains, contribue à la santé, au sentiment de bien-être et à la réussite scolaire des enfants. Cette «carence en nature» qui affecte nos enfants s'explique évidemment par l'artificialisation des milieux de vie que constituent la ville et la banlieue, mais aussi par le fait que les enfants sont de plus en plus encadrés dans leurs activités personnelles, voyant leur «rayon d'autonomie» réduit au pourtour de la maison.

L'aménagement de la ville et la perception du niveau de sécurité qu'il inspire jouent un rôle majeur dans la décision des parents de laisser leurs enfants circuler librement dans leur quartier. La diminution de la proportion des enfants qui marchent vers l'école, au cours des 30 dernières années, l'illustre de manière flagrante: de 80% qu'ils étaient en 1970, ils ne sont plus que 40% aujourd'hui et la sécurité est toujours un des principaux facteurs invoqués par les parents dans le choix du mode de déplacement de leurs jeunes.

Pourtant, la marche constitue un moyen fabuleux -accessible et gratuit!- pour les enfants de découvrir leur milieu de vie et d'acquérir de l'autonomie, tout en favorisant leur santé par l'activité physique. Malheureusement, le tout-à-l'auto qui prévaut depuis 50 ans a entraîné un trafic tel dans les villes et les banlieues que les parents n'osent plus autoriser leurs enfants à marcher ou à pédaler dans leurs déplacements quotidiens. Les jeunes sont plutôt conduits à l'école ou à leurs activités de loisir... en voiture, ce qui accentue le problème!

Pour garantir la santé, tant mentale que physique de nos enfants, repenser l'aménagement de la ville et de ses quartiers pour y favoriser les déplacements à pied et à vélo et pour y faire plus de place à la nature devient urgent.

C'est ce à quoi s'applique le Centre d'écologie urbaine de Montréal depuis près de deux ans, par son initiative Quartiers verts, actifs et en santé. Grâce à la participation des résidants, dont les enfants eux-mêmes, d'organismes communautaires bien ancrés dans leur milieu et d'arrondissements avant-gardistes, partenaires du projet, les enfants des quartiers Mercier-Est, Parc-Extension, Plateau-Est et le NDG Sud-Est pourront bénéficier d'un milieu de vie plus sain... et se rapprocher de la nature au cours des prochaines années.