Je fais partie de ceux qui ont eu la malchance de connaître de près le régime de terreur qu'est celui de la Syrie. À une autre époque, je me suis levé pour mes opinions politiques et j'ai été emprisonné, bafoué, maltraité. J'ai goûté au traitement fait par le régime de mon pays, et je peux affirmer que ses dirigeants sont capables d'atrocités hors du commun.

Il est très difficile pour les gens qui ne connaissent pas ce régime et ses dirigeants de réaliser à quel point il est risqué de s'y opposer, de comprendre le courage nécessaire pour sortir dans les rues pour les dénoncer et pour demander aux dirigeants de partir.

En réalité, jamais de la vie, je n'aurais pensé assister à une telle révolution.

Dans ce pays où ni loi ni système judiciaire n'existent réellement, le sort des gens n'importe aucunement, et leur unique raison d'être consiste à assurer la richesse du président, de sa famille et de ses amis et à admirer la grandeur, l'intelligence, l'homme surhumain, le prophète de notre époque, l'homme d'une bonté sans pareil qui pourrait même nous empêcher de respirer s'il le voulait...

Le régime est une véritable machine à torture. Il s'agit des gangs armés qui gouvernent et dominent sans aucun égard pour l'humain qu'il arrête, torture, emprisonne et tue de son gré, sans que personne ne puisse poser la moindre question, hors de toute loi et avec une immunité totale des forces de sécurité d'une manière difficile à concevoir.

Les médias ont parlé beaucoup de la vidéo montrant comment les forces de sécurité faisaient de la torture collective dans le village d'Al Baida près de Banias. Évidemment, il s'agit là d'un acte de pure barbarie mais, malheureusement, cet acte est vraiment banal comparativement à ce qui se passe à l'intérieur des murs de la prison une fois les gens arrêtés.

Les Syriens sont exposés à un degré de brutalité et d'humiliation terrifiants beaucoup plus grand que ce que les autre pays du printemps arabe ont connu. Un peuple pris en otage, humilié, volé et violé dans ses droits les plus élémentaires.

Les dirigeants de notre pays nous ont traités d'une façon inhumaine, brutale et méprisante, comme si nous étions des esclaves. Tuer des enfants parce qu'ils ont barbouillé un slogan sur un mur, utiliser l'arme lourde contre des civils, contre des villages parce qu'ils ont osé demander la liberté. Quelle barbarie! Depuis des décennies, le régime syrien a transformé les institutions en jardins privés et y a entraîné des gens à tuer de sang-froid en regardant le peuple comme un ennemi à écraser sans pitié.

Voir des chars d'assaut attaquant villes et villages, des fosses collectives, des enfants torturés et terrorisés, des blessés kidnappés ou qu'on empêche d'aller à l'hôpital, des cercueils sur lesquels on tire, des refugiés chassés comme des bêtes, des femmes et personnes âgées terrorisées, des exécutions de sang-froid, scènes dignes du pire film d'horreur.

Je demande aux gens du monde entier de ne pas tourner le dos à la douleur du peuple syrien, ce peuple qui a beaucoup donné à l'humanité et qui, avec votre aide, continuera de bâtir avec le reste de la planète un demain meilleur pour nos enfants.