Vous êtes stressé. Vous avez une présentation orale à faire. Si vous êtes un homme, invitez votre conjointe à venir vous entendre. Ça vous calmera. Si vous êtes une femme, c'est la dernière chose à faire: en présence de l'homme de votre vie, votre stress sera deux fois, sinon trois fois plus intense. C'est ce genre d'étude, menée déjà en 1995 par l'Allemand Clemens Kirkschbaum, qui fait trop souvent défaut en science. Trop peu d'études prennent acte des différences physiologiques des hommes et des femmes et de leurs vulnérabilités particulières quant à leur santé mentale, ont regretté vendredi divers experts réunis en colloque à l'hôpital Louis-Hippolyte-La Fontaine.

Adrianna Mendrek, chercheuse agrégée au département de psychiatrie de l'Université de Montréal, est une convertie, notamment depuis les conclusions qu'elle a obtenues au terme d'une étude sur les schizophrènes. Ce qu'elle a découvert? Que le cerveau des femmes atteintes de cette maladie a plus d'attributs masculins que les femmes en général, et que celui des hommes atteints a souvent plus d'attributs féminins, comme si la nature s'était trompée de sexe. « Il existe chez les femmes et les hommes atteints de schizophrénie une véritable inversion sexuelle au plan des circuits neuronaux, de certaines structures cérébrales et de la production d'hormones», dit-elle.

La Dre Mendrek soupçonne donc qu'il pourrait être utile de donner de légères doses d'oestrogène aux patientes et de légères doses de testostérone aux patients. « Ça se fait en Australie. Ça ne fonctionne pas pour tous les patients, mais pour ceux chez qui ça fonctionne, ça donne vraiment des résultats surprenants.»

Jens Pruessner, chercheur en psychologie expérimentale à l'Université McGill, a établi, lui, qu'il existe un lien entre la grosseur de l'hippocampe et l'estime de soi. Gros hippocampe ? Grosse estime de soi. Mais ça ne vaut que chez les hommes.

Pourquoi, pendant les années reproductives, les femmes souffrent-elles près de deux fois plus souvent de dépression que les hommes? Pourquoi plus de garçons que de filles consomment-ils de la marijuana sur une base régulière? Quelles variables doit-on prendre en considération quand on prescrit des antidépresseurs à une femme?

«Chaque cellule du corps humain est sexuée et c'est la raison pour laquelle nous devons mieux comprendre comment les différences biologiques entre les sexes influent sur la réaction aux traitements pharmacologiques et aux différentes thérapies», dit Joy Johnson, directrice scientifique de l'Institut de la santé des femmes et des hommes.

Fait à noter, toute la partie scientifique du colloque - présentations, questions et réponses - s'est faite en anglais exclusivement et sans traduction, même si la majorité des présentateurs étaient du Québec et que le colloque se déroulait à Montréal.