Trois nouveaux facteurs de susceptibilité génétique de la maladie d'Alzheimer viennent d'être identifiés par deux équipes de chercheurs, une française et une britannique, 15 ans après la découverte d'un premier facteur de prédisposition, le gène APOE4.

Ces découvertes «ouvrent de nouvelles voies d'approche de la maladie qui peuvent potentiellement intéresser des compagnies pharmaceutiques pour chercher de nouvelles cibles de traitement», a déclaré à l'AFP le chercheur français Philippe Amouyel, de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). L'apparition de la maladie d'Alzheimer est liée à des interactions complexes entre des facteurs de prédisposition génétique -le terrain- et des facteurs de risques liés à l'environnement, l'âge étant un déterminant majeur.

Pour les formes familiales de la maladie d'Alzheimer, rares (moins de 3%) et où l'influence de la génétique est prédominante, trois gènes héréditaires sont bien connus.

En revanche, pour les autres formes de la maladie, dites «sporadiques» ou tardives, aucun facteur de susceptibilité génétique n'avait pu être confirmé jusqu'à présent, à l'exception de l'allèle E4 du gène de l'apolipoprotéine E, en 1993.

Les équipes de Philippe Amouyel et Julie Williams (Alzheimer's Research Trust, université de Cardiff) ont découvert trois nouveaux facteurs de prédisposition impliqués dans le développement de la maladie. Les résultats de leurs études, menées à très grande échelle, sont publiés dimanche simultanément dans la revue Nature Genetics.

L'équipe Amouyel a analysé les génomes de plus de 20 000 individus, dont 6 000 atteints de la maladie d'Alzheimer, celle de Julie Williams 16 000 personnes. 

Les chercheurs français (Inserm, Centre national de génotypage, Fondation Jean Dausset), associés à un consortium européen, ont identifié deux gènes de prédisposition, sachant que l'on peut très bien avoir ces gènes et ne jamais développer la maladie : le gène de la clusterine (CLU), connue aussi sous le nom d'apolipoprotéine J, localisé sur le chromosome 8, et le gène CR1 (gène du récepteur 1 des fractions du complément), situé sur le chromosome 1. 

Ces découvertes sont parmi les premiers résultats obtenus grâce au soutien de la Fondation nationale de coopération scientifique qui coordonne le volet recherche du plan Alzheimer, lancé en France en février 2008.

Ces deux gènes pourraient intervenir dans l'élimination du constituant majeur des plaques amyloïdes, le peptide béta-amyloïde, expliquent les chercheurs.

La maladie d'Alzheimer est caractérisée par deux types principaux de lésions du cerveau : la présence de plaques amyloïdes entre les neurones et une dégénérescence due à l'accumulation à l'intérieur des neurones de la protéine tau.

Les chercheurs français ont encore «sous la main une dizaine de gènes qui pourraient être potentiellement des cibles», mais nécessitent davantage de recherche, a souligné Philippe Amouyel.

L'équipe britannique a de son côté identifié également le gène CLU, ainsi qu'un troisième gène, nommé PICALM, qui aurait une fonction au niveau des synapses (qui assurent la communication entre les neurones).

La maladie d'Alzheimer, incurable et très invalidante, touche environ 6 millions de personnes en Europe dont 860 000 en France. À partir de 85 ans, une femme sur quatre et un homme sur cinq sont touchés en Europe.