Comment une personne infectée par la souche x d'un virus pourrait-elle être également protégée contre la souche y? Même s'ils constituent la pratique médicale la plus efficace et accessible, les vaccins actuels ne s'avèrent guère performants. L'évolution des virus et des formulations de vaccins trop ciblées ne garantissent qu'une protection réduite à la maladie.

L'arme idéale serait un vaccin de type universel. Il solliciterait le système immunitaire dans toute sa force, capable de déclencher une forte réaction pour enrayer le mal sans rendre malade.  «Ce vaccin du futur protègerait contre les pandémies en raison de son caractère universel. De plus, cela éliminerait la nécessité de reformuler la combinaison à chaque année «, explique le virologiste et chercheur Denis Leclerc du Centre en infectiologie de l'Université Laval.  

Son équipe a eu l'idée de se pencher sur les protéines de l'intérieur du virus qui attaque les feuilles des papayers. Leur capacité adjuvante semble résulter de la structure cristalline et répétitive de ces protéines. Et cela, à priori, sans danger pour l'homme.

 

Elles présentent également d'autres avantages pour les ingénieurs en infectiologie. Elles s'avèrent simples à manipuler. «Comme de la pâte à modeler»,  relève le chercheur. Résultat : le nouveau vaccin se compose du vaccin régulier contre l'influenza M1 auquel on ajoute des protéines issues du virus de la papaye.

 

«Ce qui manquait jusqu'à présent au vaccin, c'était un adjuvant, un agent renforçant, permettant d'offrir une telle protection «, soutient le chercheur qui a testé avec succès sa formule sur les souris.

 

Une fois vaccinées, 100% des souris présentaient une forte immunité contre la nouvelle souche de virus «adapté» de la grippe. Les résultats seront publiés prochainement dans le Journal of Virologie.

 

Si les prochains tests d'innocuité s'avèrent positifs, les chercheurs pourront procéder à des tests cliniques. Le virus de la papaye pourrait trouver une utilité inattendue : celle d'aider l'homme à mieux se protéger des virus.