Les animations informatiques sont toujours plus intéressantes que la réalité, mais cette fois-ci, la NASA en a peut-être trop mis : sa sonde qui s'est écrasée sur la Lune il y a deux semaines n'a non seulement pas produit le spectaculaire nuage que « promettait » l'animation, elle n'a peut-être pas trouvé d'eau du tout. Du moins, rien pour envoyer une carte postale lunaire.

Vendredi dernier, une semaine après la collision qu'on avait cru être un flop, la NASA envoyait un communiqué et des photos révélant que peut-être, après tout, il y aurait bien eu un petit quelque chose. Une mince colonne de fumée s'élevant à environ un kilomètre de la surface lunaire. Mais quoi que puisse révéler l'analyse minutieuse des données, ça n'approchera jamais l'ampleur de ce qui avait été espéré.Or, voilà qu'on apprend que des scientifiques avaient prévu qu'il ne faudrait pas attendre grand-chose de spectaculaire. «Nous avions eu une rencontre en août, au cours de laquelle nous avions résumé ce que nous pensions qui allait se passer», a expliqué au New Scientist Peter Schultz, de l'Université Brown, un des membres de l'équipe LCROSS (Lunar Crater Observation and Sensing Satellite). Et lors de cette rencontre d'août, leurs estimations de la masse qui serait éjectée de la Lune, assez haut pour être visible, étaient de 100 à 1000 fois moins élevées que les estimations officielles de la mission.

Rappelons que la phase finale de cette mission LCROSS, hautement médiatisée, consistait en ceci : dans la matinée du 9 octobre, une fusée Centaur de deux tonnes percutait le fond d'un cratère perpétuellement plongé dans l'ombre, près du Pôle Sud de la Lune. L'idée était que la force de l'impact fasse jaillir vers le ciel, en plus de la poussière et des cailloux, de la glace emprisonnée sous la surface. Une sonde, qui suivait la fusée à deux minutes derrière, devait à son tour percuter la surface, mais pas avant d'avoir traversé cet hypothétique nuage de poussière et de glace, et d'en avoir renvoyé photos et données vers la Terre.

Le télescope spatial Hubble et plusieurs observatoires terrestres avaient eux aussi leurs yeux braqués vers le lieu de la collision.

Parmi les problèmes soulevés par Schultz et son équipe : d'après leurs modèles, les débris les plus rapides «s'envoleraient» suivant un angle de 30 degrés plutôt que vers le haut - ce qui les rendrait plus difficiles à observer depuis la Terre. Par ailleurs, ajoute Paul Spudis, de l'Institut de la Lune et des planètes à Houston, même si on détectait de la glace dans ces débris, cela ne nous éclairerait pas nécessairement sur la quantité qui se trouve sous la surface dans cette région, ni sur sa distribution.

Or donc, des débris, ce matin du 9 octobre, aucune trace sur les photos envoyées par la sonde, à la grande déception des 500 personnes rassemblées au Centre de recherche Ames, en Californie. Il a fallu attendre une semaine pour que sur l'une des photos prises par la caméra secondaire de la sonde apparaisse une mince colonne de débris. Ses instruments ont-ils aussi détecté de la glace? Trop tôt pour le dire.

«Un impact sur la Lune est une chose imprévisible» avait dit l'enquêteur principal de la mission LCROSS. Sans doute l'euphémisme de l'année.