L'Hôpital de Montréal pour enfants est devenu le premier hôpital pédiatrique au Canada à avoir un appareil de résonance magnétique sophistiqué, qui permet d'opérer des enfants au cerveau et de voir des lésions invisibles au chirurgien même pendant l'opération.

Des enfants de tout le Québec pourront y être opérés. L'appareil a été acquis au coût de 10 millions $ grâce à un don de 5 millions $ d'Opération enfant soleil et d'autres dons provenant de la fondation de l'hôpital et d'Hydro-Québec.

L'appareil d'IRM peropératoire (Imagerie par résonance magnétique) permet d'obtenir des images d'un malade pendant l'intervention chirurgicale, en temps réel et à l'intérieur même de la salle d'opération.

Auparavant, les chirurgiens devaient se fier aux images obtenues avant l'intervention chirurgicale et les comparer avec ce qu'ils voyaient en opérant, ont-ils expliqué, lundi en conférence de presse.

Or, durant des chirurgies au cerveau, il arrive souvent que le cerveau bouge ou se rétracte ou que du liquide soit drainé, nuisant ainsi à une bonne perception de la zone à opérer. La possibilité de donner des images du cerveau en temps réel devient donc précieuse pour le chirurgien.

L'Hôpital de Montréal pour enfants a présenté à la presse une fillette de 6 ans, Emilie Gagnon, de Saint-Pamphile dans la région de Chaudière-Apalaches, qui avait été opérée il y a une semaine seulement pour une tumeur au cerveau et qui est aujourd'hui guérie de ses crises d'épilepsie.

D'ailleurs, dans le cas d'Emilie, c'est le nouvel appareil d'IRM qui a permis d'enlever la lésion au complet et d'éviter ainsi à l'enfant une seconde opération. A première vue, le neurochirurgien pensait avoir enlevé toute la lésion. Ce n'est qu'en reprenant des images à l'aide du nouvel appareil d'IRM, après avoir enlevé la lésion, que l'appareil a indiqué une autre zone, plus profonde, qui devait aussi être enlevée, a expliqué le neurochirurgien Jean-Pierre Farmer, qui a opéré l'enfant.

Le docteur Farmer, qui est aussi chirurgien en chef de l'Hôpital de Montréal pour enfants, a indiqué que l'appareil pouvait servir non seulement en mode curatif, mais aussi pour des fins diagnostiques.

A l'Hôpital de Montréal pour enfants seulement, la liste d'attente pour des examens compte entre 600 et 700 patients. Certains patients doivent attendre un an pour obtenir un examen. L'appareil permettra donc de réduire ce temps d'attente, a indiqué le docteur Farmer.

Témoignage

La mère d'Emilie, Ann Dignard, a raconté qu'avant l'opération, au début du mois d'août, «Emilie s'est mise à faire des révulsions des yeux. C'était le black-out pendant 30 secondes. Elle ne savait pas ce qui lui arrivait. Ca a commencé avec quelques fois par jour, puis aux heures, aux demi-heures. C'était foudroyant, ça a été très rapide», a relaté Mme Dignard.

C'est le Centre mère-enfant de Québec qui les a référés à l'Hôpital de Montréal pour enfants.

«Aucun médicament ne faisait. Emilie a pris énormément de médicaments. Il en résultait toujours des effets secondaires. Elle a eu un gain de poids, de l'agressivité, elle s'endormait tout le temps, elle a eu des tendances suicidaires et des maux de tête épouvantables aussi, toujours dus aux médicaments, et les crises étaient toujours là», a dit la mère.

En octobre, Emilie a été opérée, la première à l'être avec cet appareil d'IRM sophistiqué.

«L'opération s'est très bien passée. L'opération a duré 11 heures. Ca a été un moment de stress épouvantable. Mais tout de suite après l'opération, Emilie déjà nous souriait, bougeait de partout. Quelques jours après, on avait notre congé. Emilie prend encore un petit peu de médicaments, mais on pense cesser un moment donné. Elle n'a fait aucune révulsion. Les maux de tête ont cessé», a ajouté sa mère.

La petite Emilie a lancé un gros «merci», tout sourire, à son médecin, le docteur Farmer, sous l'oeil des caméras.

Le docteur Farmer affirme qu'elle a «au-delà de 90 % de chances» d'être guérie de son épilepsie.