De puissants scanners permettent d'observer des modifications dans le cerveau d'anciens combattants souffrant de stress post-traumatique ou de blessures cérébrales aux Etats-Unis. Ces travaux pourraient un jour faciliter grandement le diagnostic de troubles qui sont largement «invisibles» chez de nombreux patients, civils ou militaires.

Ces recherches montrent que des problèmes souvent considérés comme purement psychiques ont en fait des symptômes physiques. «Il y a quelque chose de différent dans le cerveau», explique le Dr Jasmeet Pannu Hayes, de l'université de Boston, qui participe aux travaux au Centre national des affaires aux anciens combattants pour le trouble de stress post-traumatique. «Le fait de pouvoir mettre un marqueur physique à cet endroit et de dire que c'est un phénomène réel» encourage plus de gens à demander une aide médicale, dit-elle.

Un ancien combattant américain sur cinq ayant servi en Irak ou en Afghanistan présenterait des symptômes du trouble de stress post-traumatique (PTSD). Un nombre équivalent souffriraient de blessures traumatiques cérébrales (TBI), qui pour la plupart n'impliquent pas de blessures ouvertes mais des lésions non visibles causées par l'onde de choc d'une explosion.

La plupart de ces TBI sont considérées comme similaires à une commotion cérébrale, mais les symptômes peuvent ne pas être apparents immédiatement. Et de nombreux soldats sont exposés à de multiples reprises alors que les lésions peuvent s'additionner, surtout si les intervalles entre les combats sont de courte durée.

«Mon cerveau a été secoué», a récemment expliqué le «sergent N», un Marine à la retraite, ancien membre d'une unité de déminage, qui estime avoir ressenti 50 à 60 explosions. Le Dr. Hayes a étudié ce patient d'une nouvelle manière, en examinant l'écoulement d'eau dans des fibres nerveuses du cerveau. Elle a découvert ainsi des signes autrement indécelables que ces fibres étaient endommagées dans une région particulière du cerveau, ce qui expliquerait les problèmes de mémoire et de confusion du patient.

Cette technique non invasive appelée «imagerie du tenseur de diffusion» prend seulement un peu plus de temps qu'une IRM standard. La direction et la vitesse de diffusion de l'eau dans les fibres nerveuses peuvent indiquer si celles-ci sont intactes ou abîmées. Ces fibres forment une sorte de route empruntée par les cellules cérébrales pour communiquer. Plus les dégâts sur cet axe sont importants, plus le fonctionnement du cerveau est perturbé.

«Le cerveau du sergent N est très différent», a déclaré le Dr. Hayes lors d'une conférence de médecine militaire la semaine dernière. «Son tissu conjonctif été largement compromis.»

Il existe des similitudes importantes entre les symptômes des TBI et du PTSD, note le Dr. James Kelly, un neurologue de l'université du Colorado. Les maux de tête sont certes caractéristiques des TBI alors que les symptômes classiques du PTSD sont les flash-backs et les cauchemars.

Mais les deux ont tendance à causer troubles de la mémoire et de l'attention, angoisse, irritabilité, dépression et insomnie. Ce qui signifie que les TBI et le PTSD affectent les mêmes régions du cerveau.

Le Dr Hayes peut déterminer comment agissent certaines de ces zones chez les patients atteints de PTSD qui ont le sentiment de revivre un traumatisme au lieu de comprendre que c'est juste un souvenir. «La bonne nouvelle est que ce signal neural (...) peut changer avec un traitement», souligne-t-elle.

Ces travaux pourraient avoir des implications bien au-delà des militaires. On estime qu'environ 250.000 Américains développeront un PTSD au cours de leur vie, un trouble qui peut survenir après une expérience traumatisante comme un accident de voiture, un ouragan ou un viol. Des recherches supplémentaires seront toutefois nécessaires avant de pouvoir utiliser cette nouvelle technique pour le diagnostic du PTSD ou des TBI.