La découverte d'importantes quantités d'eau sur la Lune, annoncée hier par la NASA, confirme les hypothèses avancées par les astronomes depuis près d'une décennie. Cette avancée fait néanmoins renaître l'idée de pouvoir y installer un jour une base.

«Nous avons trouvé de l'eau et pas seulement un petit peu, mais des quantités importantes», s'est exclamé hier Anthony Colaprete, responsable scientifique de la mission LCROSS, qui a permis cette découverte. «Nous y avons trouvé l'équivalent d'au moins une dizaine de seaux de 7,5 litres d'eau», a-t-il précisé en ajoutant qu'il s'agissait des premiers résultats. C'est à la suite d'une mission menée en octobre par l'Agence spatiale américaine que des particules d'eau sous forme de glace et de vapeur ont été découvertes près du pôle sud de la Lune. La NASA a ciblé cette région après y avoir détecté d'importantes émanations d'hydrogène au début des années 2000, une observation qui pourrait s'expliquer par la présence de glace.

Les chercheurs se sont alors penchés sur un cratère baptisé Cabeus situé dans une zone qui n'est pas exposée au soleil. Le 8 octobre, la NASA a propulsé une fusée de 2,3 tonnes dans le cratère. Une deuxième sonde, la LCROSS (Lunar Crater Observation and Sensing Satellite) a ensuite survolé le cratère pour y amasser de l'information sur les débris en suspension avant de s'écraser à son tour dans le cratère. C'est en analysant le nuage de poussière que les experts de la NASA ont découvert des particules d'eau.

«C'est un peu comme quand on découvre du pétrole en faisant des forages, quand on en trouve à un endroit, il y a de plus grandes chances d'en trouver aussi pas très loin», a expliqué Peter Schultz, membre de l'équipe scientifique, à l'Agence France-Presse.

Selon le responsable scientifique lunaire de la NASA, Michael Wargo, cette découverte «majeure» permettra de faire avancer notre compréhension du système solaire. «Nous levons le voile des mystères de notre plus proche voisin et du même coup du système solaire», a-t-il déclaré lors du point de presse de l'Agence spatiale américaine.

De retour sur la Lune?

Hier, plusieurs observateurs ont indiqué que la découverte d'eau sur la Lune pourrait rendre la construction d'un camp scientifique ou d'une base lunaire plus réaliste. Les astronautes pourraient éventuellement trouver une façon de rendre cette eau potable.

D'autres y ont vu une raison de maintenir l'objectif du programme Constellation de renvoyer des astronautes américains sur la Lune en 2020. Le programme Constellation est présentement sur la sellette pour des raisons budgétaires.

«Un fil conducteur des missions de la NASA des dernières années est de trouver de l'eau partout où elle se trouve dans le système solaire», a expliqué Marc Jobin, astronome au planétarium de Montréal.

«Pour une organisation comme la NASA, qui songe à mettre sur pied des missions pour retourner sur la Lune et éventuellement y construire un établissement permanent, cela confirme que les pôles sont un bon endroit où aller, plutôt que là où on a envoyé les missions Apollo.»

Bien qu'il soit trop tôt pour conclure que de l'eau pourrait être extraite par de futurs astronautes, l'astronome pense qu'il s'agit d'un premier pas vers un retour sur la Lune.

«Un cratère comme celui où l'on a découvert les traces d'eau serait un bon endroit pour s'établir, a-t-il expliqué. Si l'on est au sommet d'un cratère, au lieu d'être perpétuellement dans l'ombre, on a de la lumière pour faire fonctionner des panneaux solaires et en plus, éventuellement, en extraire de l'eau. Mais pour l'instant, la quantité trouvée est très négligeable.»

Avec l'Agence France-Presse et Associated Press