Le programme spatial canadien tentera de reprendre son souffle en 2010 après une année fertile en émotions, durant laquelle le pays a envoyé plus d'astronautes que jamais... ainsi que son tout premier touriste de l'espace.

Et pourtant, l'année qui s'annonce pourrait être encore plus spectaculaire.

Les prochains mois pourraient s'avérer significatifs pour l'activité humaine dans l'espace, alors que le Canada, les États-Unis et les sociétés d'aviation commerciales prévoient toutes d'importantes annonces, qui pourraient former les assises d'une nouvelle ère en matière de vols spatiaux.

La mise sur pied de ces nouvelles politiques de haute importance doit se faire après la réalisation de nombreux exploits de la part du programme spatial canadien en 2009.

Robert Thirsk a passé six mois à bord de la Station spatiale internationale, un record pour la plus longue période de temps passée en orbite par un Canadien.

Lorsque sa compatriote québécoise Julie Payette lui a rendu visite dans la station orbitale, en juillet, ils sont devenus les premiers Canadiens à se rencontrer dans l'espace.

Ce tour de force a été réalisé une seconde fois avant la conclusion de 2009, lorsque le président-fondateur du Cirque du Soleil, le milliardaire Guy Laliberté, a versé 35 millions $ pour visiter la station spatiale et devenir le premier touriste canadien de l'espace.

Selon le directeur général de l'Agence spatiale canadienne, Benoit Marcotte, la dernière année fut «complètement folle, mais très impressionnante pour nous».

«Jusque-là, nous avions appuyé des missions spatiales deux semaines à la fois», a-t-il déclaré récemment en entrevue.

M. Marcotte a admis que les responsables de l'Agence ignoraient, en début d'année, comment ils s'y prendraient pour supporter un astronaute pendant six mois.

L'avenir du Canada sera élaboré via le programme à long terme sur lequel travaille actuellement le directeur de l'Agence spatiale, Steve MacLean. Mais il faudra attendre plusieurs mois avant d'en connaître le contenu.

Les gouvernements comptent garder un oeil attentif sur les États-Unis - et, en particulier, sur la Maison-Blanche -, alors que l'administration Obama doit réagir à un rapport d'un comité mandaté pour étudier l'avenir du programme spatial américain.

Le «Flexible Path» est l'une des propositions de la Commission Augustine, qui obtient de plus en plus d'appuis aux États-Unis. Ce projet pourrait mener à des excursions vers la planète Mars et la Lune, et même à proximité des astéroïdes. Ces sorties seraient réalisées à bord d'Orion, qui doit remplacer les navettes spatiales américaines après leur retrait de la circulation en 2010.

L'Orion ressemble beaucoup aux anciennes fusées Apollo, qui ont permis aux Américains de marcher sur la Lune il y a 40 ans.

D'ici à l'entrée en scène de l'Orion, tout astronaute rendant visite à la station spatiale après 2010 devra le faire à bord du vaisseau spatial russe Soyouz.

Par ailleurs, le milliardaire britannique Richard Branson, propriétaire de Virgin Galactic, disait compter quelque 300 réservations en vue de vols suborbitaux, au coût de 200 000 $ l'envolée, lorsqu'il a dévoilé son premier vaisseau spatial en décembre.

Lors d'un vol suborbital, un engin se dirige vers l'espace mais ne complète pas une orbite de la Terre. Après avoir été lancé des airs par un avion, le vaisseau enverrait ensuite six touristes à une centaine de kilomètres au-dessus de la Terre, où ils expérimenteraient brièvement la sensation d'apesanteur.

Eventuellement, cette technologie pourrait permettre de transporter un passager de Montréal vers l'Australie, par exemple, en une fraction du temps actuellement nécessaire pour y arriver.

L'homme d'affaires John Criswick, d'Ottawa, est l'un des 14 premiers Canadiens à avoir réservé sa place, et il souhaite se rendre dans l'espace avant la fin de 2011.