Ce n'est pas un robot. Mais une véritable coccinelle qui, le temps d'une «couvaison», abrite une larve de guêpe pour en assurer sa survie. Et, une fois la mission accomplie, la coccinelle retrouve sa liberté !

«Le plus surprenant, c'est que la larve de la guêpe (Dinocampus coccinellae) ne dévore pas son hôte lors de son développement. La coccinelle s'en sort même assez bien : aucun de ses organes vitaux ne seront touchés», explique l'entomologiste de l'Université de Montréal, Jacques Brodeur.Comme pour la plupart des parasites, cette guêpe pond dans son hôte. Sa larve se développe alors au sein de l'abdomen de la coccinelle. Peu avant se s'en extraire, la larve produit une toxine qui va partiellement paralyser son hôte.

Plutôt que de se nourrir de la coccinelle, la larve tissera alors un cocon entre ses pattes, où elle poursuivra son développement. Ce comportement animal plutôt inusité, mis à jour par Jacques Brodeur et son collègue français du CNRS Frédéric Thomas, fera l'objet d'une prochaine publication.

Une coccinelle «garde du corps»

Pourquoi se donner autant de mal pour garder la coccinelle en vie ? Cette dernière, à son corps défendant - car elle ne peut presque plus bouger - jouerait le rôle de «garde du corps» du rejeton de la guêpe.

C'est du moins ce que soupçonne le chercheur de l'Institut de recherche en biologie végétale. « Si on retire le cocon des pattes de la coccinelle, elle y retourne. Elle veillera dessus entre trois à six jours, sans s'alimenter», relève Jacques Brodeur.

Très vulnérable lors de son développement au sein du cocon, la larve jouit également d'un formidable bouclier aux couleurs vives repoussant les possibles assaillants : punaises prédatrices, grillons, etc.

Lorsque la jeune guêpe sortira de son cocon, elle délivrera son hôte. La coccinelle pourra ainsi retourner à sa vie d'avant, se nourrir et même se reproduire. Cet insecte, très utile dans la lutte écologique - il mange des pucerons - ne subirait donc pas trop de tort de la part de la nuisible guêpe.

Certaines espèces de coccinelle seraient cependant moins aptes à se faire ainsi parasiter, soupçonnent cependant les chercheurs. La coccinelle à 14 points le serait moins que la coccinelle maculée. Elle pourrait, si cette hypothèse se confirme, être privilégiée lors de la lutte biologique aux insectes ravageurs dans les cultures de soja, poivrons ou de maïs.