Que se passe-t-il dans le corps humain quand on tombe amoureux? Un biochimiste de l'Université de Montréal pense avoir trouvé une partie de la réponse à partir de recherches sur la levure.

«Nous avons découvert un commutateur chimique capable d'interpréter les signaux de l'hormone sexuelle phéromone», explique Stephen Michnick, auteur principal de l'étude publiée hier dans Nature, qui a travaillé avec des chercheurs du Collège impérial de Londres et des universités McGill et d'Édimbourg. «C'est un processus décisionnel très semblable au nôtre, du moins sur le plan cellulaire, même si l'ancêtre commun de la levure et de l'homme remonte à 1,5 milliard d'années.»

 

Le biochimiste montréalais a fait ces travaux parce qu'il s'intéresse aux transformations des cellules souches, présentes chez l'embryon, qui sont capables de se transformer en plusieurs autres types de cellules. Les cellules souches sont envisagées pour des traitements médicaux, par exemple la régénération d'organes humains. «Sur le plan biochimique, c'est le même processus, dit M. Michnick. Mais il est plus facile de l'étudier chez la levure parce qu'on connaît très bien sa génétique et sa biochimie.»

Messages chimiques

La transmission de l'information d'une cellule à l'autre se fait beaucoup plus rapidement que prévu. Cela indique à M. Michnick que le processus n'implique pas d'activation de gènes. «L'activation de gènes prend du temps. Alors nous pensons qu'il s'agit directement d'une action de protéines, plutôt que d'une transformation génétique qui produit des nouvelles protéines. Les protéines sont directement modifiées par le commutateur, qui détecte les changements dans les niveaux de phéromones. Ces messages chimiques indiquent à la cellule que le moment est venu de s'accoupler. Chez la levure, il s'agit d'une fusion cellulaire. Chez l'homme, évidemment, le processus est plus complexe. Mais l'attirance sexuelle est un phénomène rapide.» Cette rapidité chimique explique pourquoi on parle de «coup de foudre».