Les cerveaux des «racistes» ne manifestent pratiquement aucune réaction à la douleur physique de personnes d'autres races, en raison de leurs préjugés et de stéréotypes raciaux, selon une étude rendue publique jeudi en Italie par l'université de Bologne (nord).

«Le cerveau des racistes a du mal à s'identifier de manière spontanée à la souffrance physique des individus d'autres groupes ethniques. La preuve en a été faite en montrant à des sujets des images d'aiguilles plantées dans des mains de diverses couleurs», écrivent les auteurs de l'étude conduite par les universités italiennes de Bologne et Rome, ainsi qu'un centre du CNRS à Lyon.

«Les individus ayant d'importants préjugés raciaux tendent à répondre de manière extrêmement faible à la douleur des membres de l'autre groupe ethnique, tandis que les personnes ayant un faible niveau de préjugés raciaux tendent à réagir de manière semblable à la douleur des membres de leur propre groupe et de l'autre groupe ethnique», explique Alessio Avenanti, psychologue de l'université de Bologne et coordinateur de cette étude.

La recherche a été menée sur une quarantaine d'étudiants universitaires, pour moitié des Italiens blancs, pour l'autre des étudiants noirs résidant en Italie, à travers la stimulation magnétique transcranienne, qui enregistre l'activation des circuits de neurones associés aux mouvements du corps, sensations tactiles ou douloureuses.

Les chercheurs dont l'étude sera publiée début juin dans la revue américaine Current Biology ont établi le «racisme latent» de certains sujets en utilisant des interrogatoires spécialisés.

«Quand un Blanc (du groupe «raciste», ndlr) voit une aiguille se planter dans la main d'un autre Blanc, son cerveau active les circuits cérébraux liés à la perception de cette douleur comme s'il la ressentait sur sa propre main», écrivent les chercheurs, soulignant que les Noirs ont la même réaction alors qu'une aiguille plantée dans la main d'un membre de l'autre groupe ethnique ne suscite pratiquement aucune réaction.

Mais pour souligner le caractère raciste de la participation, ou non, à la douleur d'autrui les chercheurs ont fait un pas supplémentaire.

Ils ont planté des aiguilles dans une main violette et ces images ont suscité des réactions de «sympathie» de Blancs ne réagissant pas aux images d'aiguilles plantées dans une main noire comme auprès de Noirs ne réagissant pas à la douleur des Blancs.

«Ce n'est pas tant la différence d'aspect qui détermine la différence de réponses mais la signification culturelle qui y est associée. En d'autres termes ce sont les stéréotypes et les préjugés raciaux liés à une couleur de peau qui influence, jusqu'à l'atténuer, la participation à la douleur des autres», estiment les chercheurs.