La première fusée artisanale danoise n'a pas décollé dimanche au large de l'île de Bornholm dans la Baltique, une première tentative de lancement ayant échoué en raison d'un défaut mécanique, selon des images retransmises en direct sur la deuxième chaîne de télévision.

Une fumée brune s'est dégagée du moteur de la fusée à la suite du compte à rebours indiquant que le système d'allumage n'a pas correctement fonctionné, selon des experts interrogés par TV2 News.

Suite à l'échec de cette première tentative, les deux constructeurs danois de l'engin ont décidé après une inspection de la fusée de ne pas faire de deuxième essai, suspendant tout simplement la mission pour une période indéterminée.

«Un défaut mécanique dans la valve principale du carburant» qui ne s'est pas ouverte pour libérer l'oxygène «serait à l'origine» de cet échec, selon l'un des deux constructeurs, Kristian von Bengtsson, interrogé sur la chaîne TV2 News.

Il a expliqué qu'«on a le droit à l'erreur lorsqu'on construit soi-même une fusée», assurant qu'il «gardait le moral, en dépit de la déception», et qu'il allait «continuer le travail avec son compagnon, Peter Madsen, pour tenter un nouvel essai» avant la fin de l'été.

Cette fusée est la première au monde construite par des particuliers et destinée à envoyer des hommes dans l'espace, dans «3 ou 4 ans» selon ses deux concepteurs.

Après trois reports durant la semaine en raison de vents violents, les conditions météorologiques étaient idéales dimanche pour entamer les procédures de lancement de l'engin de 9 mètres de haut et de 1,6 tonne, qui transportait un mannequin à bord, prélude de l'envoi dans quelques années d'êtres humains dans l'espace.

Par beau temps, le compte à rebours a été toutefois repoussé à quatre reprises sur la plate-forme de lancement installée en mer à 30 km à l'est de l'île avant la mise à feu vers 14h30 (8h30 HAE), mais sans que la fusée ne prenne son envol.

La veille du lancement, Peter Madsen confiait à l'AFP qu'il était «serein», mais «nerveux aussi, comme un élève qui va passer son bac». «Tout peut arriver car on n'est pas sûr du succès, même si on a très bien préparé son examen», disait-il.

Les constructeurs, âgés tous les deux de 39 ans, passionnés d'espace, ont travaillé pendant plus de deux ans à leur projet. Ils sont loin d'être des amateurs farfelus selon leur entourage qui rappelle que Peter Madsen a même construit son propre sous-marin, le «Nautilus», qui a tracté la barge contenant la fusée de Copenhague jusqu'à l'aire de lancement à l'île de Bornholm.

«Ce que nous voulons démontrer c'est qu'il est possible de fabriquer une fusée, de l'envoyer dans l'espace et de la ramener sur Terre en toute sécurité, sans être millionnaire», avait déclaré récemment à l'AFP Peter Madsen.

Le prototype, d'un coût total de 50.000 euros, est financé pour la plus grande partie par environ 2000 parraineurs individuels et une vingtaine de sociétés.

Baptisée «HEAT- 1X/ Tycho Brahe», du nom d'un célèbre astronome danois, la fusée devait voler à une vitesse légèrement supérieure à celle du son et atteindre entre 10 et 30 km d'altitude.

En cas de réussite d'un nouvel essai, les deux passionnés envisagent, au début de l'été 2011, de lancer un nouveau prototype plus puissant, avec une technologie plus avancée, et qui pourrait en principe atteindre une altitude de 120 km.

La ministre des Sciences Charlotte Sahl-Madsen, s'est déclarée «impressionnée par le travail de ces deux enthousiastes», qui montre qu'on peut et qu'on doit se fixer des objectifs ambitieux que beaucoup pensent un peu irréalistes».

Cet objectif est de «faire du Danemark la quatrième nation spatiale dans le monde à envoyer des hommes dans l'espace», a-t-elle déclaré sur l'édition en ligne de la revue Ingenioeren.