La propension à l'introspection est liée à la taille de deux régions précises du cerveau, ont découvert des neuropsychologues britanniques. Leurs travaux pourraient mener à une meilleure compréhension de la dépression et de l'autisme.

«Nous nous intéressons à l'introspection parce que c'est l'une des composantes importantes de la conscience», explique en entrevue téléphonique Rimona Weil, du Collège universitaire de Londres, l'une des coauteures de l'étude parue dans Science. «Être capable de réévaluer ses propres décisions est une faculté très évoluée. Il y a un lien évident avec l'empathie, les relations avec les autres. Manquer de capacité d'introspection ou d'empathie pourrait être l'un des éléments importants de l'autisme, alors qu'une suractivité de l'introspection pourrait expliquer la dépression.»

L'expérience concoctée par Mme Weil fait appel aux capacités visuelles, dont le siège se trouve à l'arrière du cerveau. Or, des analyses d'imagerie médicale montrent que les parties avant du cerveau sont aussi sollicitées, probablement à cause de la composante d'introspection de l'expérience. Chez les personnes les plus portées à l'introspection, aussi appelée «métacognition», deux régions situées à l'avant du cerveau étaient plus grosses que la moyenne.

L'expérience consistait à montrer à la trentaine de participants deux images successives comportant chacune six signes identiques. Il leur fallait reconnaître laquelle des deux images comportait un signe moins foncé que les autres. Le taux de succès était de 70%. Ensuite, on demandait aux participants d'indiquer, sur une échelle de un à six, leur sentiment d'avoir pris la bonne décision.

«Les gens plus introspectifs étaient moins sûrs de leur décision quand ils avaient pris la mauvaise et plus sûrs quand ils avaient pris la bonne, dit Mme Weil. On dirait que leur cerveau a enregistré des stimuli qui n'ont pas été pris en compte pour la décision parce qu'ils étaient incomplets, mais qui servent ensuite pour la réévaluation de la décision.»

Un commentaire accompagnant l'étude souligne que la capacité d'introspection ne sert pas uniquement en psychanalyse. Les participants à certains jeux télévisés peuvent en tirer profit pour décider de faire ou non appel à l'auditoire pour les aider à répondre à certaines questions dont ils ne sont pas sûrs de savoir la réponse. Et en cour, les témoins plus introspectifs semblent parfois plus hésitants, alors que leurs observations ne sont pas nécessairement moins bonnes que les témoins très affirmatifs parce que peu introspectifs.