Arghh! En colère? Pourquoi ne pas aller regarder dans le tiroir des viandes de votre frigo. Regarder un steak rouge et saignant pourrait en effet diminuer votre côté mordant!

Frank Kachanoff, un étudiant en psychologie de l'évolution à l'Université McGill et lauréat de la récente McGill Undergraduate Research Conference 2010, analyse les signes de l'environnement susceptibles de modifier le comportement des gens, particulièrement les stimuli élémentaires.

«À ma grande surprise, la vue d'images de viande crue, qui je le croyais, offraient une bonne stimulation de l'agressivité, a eu l'effet inverse : elles diminuent ce tempérament agressif.» Au terme de son expérimentation, le jeune chercheur a constaté que la vue de viande crue avait plutôt un effet apaisant chez les participants, tous des hommes.

Au moment où les participants devaient sanctionner, par une punition sonore de niveau variable, des lecteurs faisant de nombreuses fautes de lecture, différentes images (viande, figures géométriques et pistolets) leur étaient également présentées. Résultats : les images de viande rouge et de poulet ont suscité moins de réactions que les autres.

Les végétariens - ils étaient cinq ou six dans chaque groupe - ont réagi de la même manière. Ils ont été plus tolérants face aux erreurs des lecteurs lorsqu'ils regardaient des images de viande crue.

«Ils ne sont pas plus pacifistes par nature. Manger des légumes est une habitude apprise. Notre réaction primaire, face à la viande crue, serait quelque chose de plus profond, peut-être attribuable à une adaptation cognitive éloignée», pense le chercheur.

Comment alors imaginer que nos ancêtres préhistoriques se battaient pour obtenir un morceau de viande? Selon lui, la vue de la viande provoque inconsciemment la réaction inverse.

«C'est un signe du repas pris en famille plutôt qu'une lutte pour la survie. Pour la survivance du groupe, il fallait que les membres d'une même famille apprennent à partager cette viande.»

Ce qui amène l'étudiant à penser que les images n'étaient peut-être pas assez sanglantes. «Le rosbif cru était sans doute trop proche du produit fini. Il faudrait faire le test avec des photos de carcasses d'animaux.»

En attendant, la bonne nouvelle serait que nous resterons « civilisés » même lorsque la dinde manque de cuisson ou devant un bon steak tartare!

Pour en savoir plus

2010 Undergraduate Research Conference

https://www.mcgill.ca/science/ours/urc/2010/