Une équipe de chercheurs montréalais vient de réaliser une percée scientifique qui pourrait aider à améliorer la qualité de vie des victimes d'un infarctus du myocarde. Contrairement à ce que la médecine a toujours avancé, les problèmes d'insomnie très fréquents après un infarctus ne seraient pas dus au stress, mais plutôt à une atteinte au cerveau.

Les résultats de la recherche, dont La Presse a pu prendre connaissance, seront publiés aujourd'hui dans la revue scientifique américaine Sleep.

Afin de parvenir à cette découverte, le chercheur Roger Godbout, avec son collègue Guy Rousseau et l'étudiant Thierno Madjou Bah, ont provoqué des infarctus sous anesthésie chez des rats pour ensuite suivre leur comportement.

«On a enregistré leur sommeil et, ce faisant, on a découvert que ces rats ne dormaient pas bien. Ils se réveillent souvent et, s'ils tombent en sommeil paradoxal plus rapidement, ils en sortent aussi plus rapidement», résume le Dr Godbout.

Selon le chercheur de l'hôpital du Sacré-Coeur, l'infarctus provoquerait des pertes neuronales dans le tronc cérébral, ce qui entraînerait l'insomnie. Le Dr Godbout parle d'une barrière dans le cerveau «qui tombe et laisse ainsi entrer de grosses molécules qui touchent le système limbique». Cette découverte va dans le même sens qu'une autre étude menée par ce chercheur qui avait démontré un lien entre l'infarctus et la dépression, observée dans 30% des cas après la crise.

«C'est important quand on sait qu'un mauvais sommeil est un facteur de risque de maladie cardiovasculaire, ajoute le Dr Godbout. Et comme l'insomnie peut nuire à la rémission, le risque de complications et de récidive s'accroît pour installer un cercle vicieux.»

Cette découverte pourra donner lieu à des thérapies préventives, tant pharmacologiques que comportementales, dès l'apparition des premiers signes d'insomnie ou de dépression.