Première société à fabriquer en série des «exosquelettes» nommés HAL, la firme japonaise Cyberdyne semble mue par les prouesses techniques inspirées de la science-fiction hollywoodienne, mais la motivation de son créateur est d'abord humaine et sociale.

HAL (Hybrid Assistive Limb - membre de soutien hybride) est une sorte de squelette externe électro-mécanique.

Il a par exemple permis à un patient qui avait déjà passé neuf ans en fauteuil roulant à la suite d'un accident cérébral d'être de nouveau capable de tenir debout sur ses jambes, la structure externe le maintenant, assure le professeur Yoshiyuki Sankai, fondateur de Cyberdyne.

Alimentée par une batterie, la combinaison HAL, qui entoure le dos, suit les jambes et les bras, est bardée de capteurs. Ces derniers détectent le signal d'activation des muscles humains émanant du cerveau.

L'ensemble se met alors en mouvement, grâce à des micromoteurs, afin de prendre en charge le travail musculaire requis pour porter une masse, se lever, s'asseoir, marcher ou monter des escaliers.

Cet assistant robotique a initialement été pensé pour renforcer le degré de mobilité des personnes âgées ou soulager les efforts des personnels de soins obligés de soulever des patients.

HAL offre une puissance musculaire qui permet par exemple à un humain de porter une masse de 70 kilogrammes sur un seul bras.

«Développer des robots qui n'auraient pas de vocation sociale ne serait que le prolongement d'un passe-temps. Ce que je conçois doit être bénéfique à la population», insiste le scientifique, très critique vis-à-vis des exploits techniques de laboratoire qui n'ont aucun débouché pratique à l'extérieur.

Et d'ajouter: «beaucoup de travaux de recherche et développement ne visent que le propre intérêt de ceux qui les conduisent: ils inventent des techniques et se demandent ensuite ce qu'ils pourraient bien en faire, mais la recherche ce doit être autre chose que la publication d'articles scientifiques».

Quelque 50 hôpitaux et maison de repos au Japon utilisent déjà une version de HAL pour les jambes, un appareillage loué environ 150.000 yens (1.350 euros) par mois. Des établissements de Suède et Danemark prévoient également de tester cet équipement.

La variante intégrale (quatre membres) sera proposée l'an prochain et la vente aux particuliers est envisagées aux alentours de 2015.

L'aventurier et athlète japonais Seiji Uchida, 48 ans, qui a perdu l'usage de ses jambes lors d'un accident de voiture il y a 27 ans, prévoit pour sa part de gravir la pente qui mène à l'abbaye du Mont Saint-Michel (nord-ouest de la France) durant l'été 2011, en revêtant l'exosquelette HAL qui lui donnera les forces nécessaires.

«Si je mène à bien ce projet, je prouverai que les personnes à mobilité réduite peuvent très bien se rendre sur des sites historiques, même si ceux-ci ne sont pas dotés d'équipements spéciaux comme des ascenseurs ou rampes d'accès», a expliqué à l'AFP M. Uchida.

M. Sankai étudie en outre actuellement avec le groupe de construction français Bouygues comment HAL pourrait être utilisé sur les chantiers pour réduire la pénibilité des ouvriers, notamment lors du transport de charges.

«Nous explorons des usages sortant du cadre de la santé et des soins», précise le professeur.

Les services de secours sont aussi des candidats potentiels à l'usage de cette innovation, estime M. Sankai.